Voici revenir la période des films d'horreur, de monstres maléfiques qui tuent ceux qui les voient (Sinister), de maisons hantées par d'anciens occupants frustrés (House at the End of the Street) et de familles maudites depuis des générations (Paranormal Activity 12, oups 4). Vous dire que ces mois de septembre et d'octobre ne sont pas ceux des grands classiques et des meilleurs blockbusters serait un euphémisme. Il y a évidemment (et heureusement) certaines exceptions qui viennent confirmer la règle des mal-aimés de l'automne, mais The Possession n'en fait pas partie. Il est même l'exemple parfait de ces « égarements » automnaux, de ces stéréotypes du genre qui s'emparent de nos écrans comme les feuilles multicolores de notre pelouse.
Depuis l'indétrônable Exorcist, les films de p'tites filles possédées occupent une place importante au sein de l'univers du drame occulte/suspense d'épouvante. Le cinéma a su tisser autour de ce principe jusqu'à ce qu'on ne reconnaisse plus l'inspiration. The Possession revient à la base avec un esprit démoniaque - juif hassidique celui-là - qui prend possession du corps fragile d'une enfant. La tête ne tourne plus sur elle-même comme dans les bons vieux classiques mais les yeux se révulsent et saignent et les corps se disloquent (c'est au moins cela). Les effets spéciaux sont maintenant d'une grande créativité démontrant un réalisme effrayant. Mais n'est-ce pas maintenant nécessaire pour apeurer un spectateur du XXIe siècle avec l'envoûtement que d'avoir les moyens de ses ambitions? Paranormal Activity parvient à angoisser n'importe qui avec ses caméras fixes et ses ombres mouvantes, mais pour faire croire à la possession et à l'exorcisme, on doit bénéficier de davantage de technicité et de recours financier.
Associer ce film d'épouvante à un fait réel, une situation qui est, supposément, arrivée à une famille pendant 21 jours, est plutôt un prétexte étrange pour convaincre les sceptiques. Même si cette boîte qui emprisonne les esprits malveillants s'avère un mythe véritable au sein de la religion judaïque, prévenir les spectateurs d'emblée de l'authenticité des images qui suivront n'aide en rien à l'efficacité de l'oeuvre. Si elle fait une chose, c'est bien minimiser l'impact de l'histoire jusqu'à la rendre risible. Peut-être suis-je une cynique sceptique mais je doute fort qu'une fillette ait un jour toussé des papillons de nuit et vu les doigts d'une créature lui sortir de la gorge. Et ce constat rationnel ne fait que tourner en ridicule un film qui aurait bénéficié de n'être que pure fiction.
Cela dit, certaines séquences sont tout de même effrayantes et on doit principalement leur réussite au jeu terrifiant de la jeune actrice Natasha Calis. Son regard est absolument captivant et hypnotisant, permettant au film d'évoluer dans la direction désirée. Jeffrey Dean Morgan est aussi généralement crédible dans le rôle d'un père de famille désemparé, quoique peut-être parfois trop intense et décalé par rapport à la gravité de la situation.
The Possession ne voulait pas être original, c'est évident, il voulait tout simplement être effrayant. Y est-il parvenu? Oui et non. Si dans son classicisme il avait été moins prévisible, peut-être aurait-il pu surprendre davantage et atteindre l'échelon de la frayeur, mais sa simplicité narrative et ses intentions trop apparentes le relèguent au rang de la légère frousse. Celle qui nous fait tressaillir, mais que l'on oublie rapidement.