Les films de possession sont légion au cinéma. Seulement cette année, il y a eu l'excellent Hereditary et le très populaire The Nun. Même le surprenant remake de Suspiria s'y apparentait. Généralement, ces longs métrages s'arrêtent une fois que le démon a été expulsé de sa victime. Mais qu'arrive-t-il après? C'est ce que tente de découvrir The Possession of Hannah Grace.
L'idée n'est pas nouvelle. Elle était la base de la comédie Ava's Possessions. Rien à voir avec le registre plus dramatique qui est proposé ici. En temps normal, l'âme d'Hannah Grace reposerait en paix et son corps à la morgue. Mais lorsque ce dernier s'active soudainement, cela est suffisant pour effrayer Megan (Shay Mitchell) et ses proches.
Cette histoire écrite par Brian Sieve (Boogeyman 2 et 3) ne manque pas de potentiel. Il s'agit à la fois d'une renaissance pour Hannah mais également pour Megan, une ancienne policière devenue toxicomane qui tente de se raccrocher au monde réel en obtenant une seconde chance. Dommage que malgré le jeu senti de Shay Mitchell (une actrice canadienne qui fait carrière à la télévision), cette piste ne soit pas explorée plus en profondeur, perdue dans les traditionnelles hallucinations de circonstance.
En fait, cette première réalisation anglophone du cinéaste néerlandais Diederik van Rooijen sabote constamment ses atouts. Un grand travail a été apporté aux images menaçantes et, surtout, au son. Le silence de la morgue donne froid dans le dos et c'est ce qu'il fallait exploiter. Pas les ridicules sursauts gratuits qui surviennent toutes les cinq minutes avec des effets sonores tapageurs.
Cette redondance fait sourciller et elle n'est pas la seule. En aucun cas, le film ne fait peur. Déjà qu'il ne tient nullement en haleine. Les personnages sont si peu intéressants qu'il peut leur arriver n'importe quoi. Lorsqu'il se passe enfin quelque chose, les effets spéciaux sont tellement pauvres et la mise en scène si approximative que le premier réflexe du spectateur est de rire. Un effet involontaire qui court-circuite les intentions de départ.
Les oeuvres angoissantes sur les hôpitaux terrifiants et les morgues morbides ne manquent pas. Lars von Trier y a fait son terrain de jeu pour sa remarquable série Le royaume. Puis il y a Ole Bornedal qui y a séjourné avec Nightwatch et son remake américain, qui mettait en vedette Ewan McGregor et Josh Brolin... avant d'explorer carrément le genre avec son mal-aimé The Possession. Quelques références parmi tant d'autres qui auraient pu pousser The Possession of Hannah Grace hors de ses conventions les plus élémentaires. Cela se sent que Diederik van Rooijen est allé à l'école de son compatriote Dick Maas (un cinéaste culte des années 80) : pourquoi semble-t-il alors constamment se retenir? En voulant à tout prix être récupéré par Hollywood, le voici renier son style. Mais ce n'est certainement pas avec cette production générique et sans relief qu'il y arrivera.