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Deuil et naissance.
Très bonne histoire touchante.
Petit film.
On attendait beaucoup de l’association inattendue entre l’un des plus grands acteurs français avec certainement l’un des cinéastes tricolores les plus versatile et touche-à-tout qui soit. On parle ici de Fabrice Luchini devant la caméra et de Guillaume Nicloux derrière. Le premier se retrouve depuis quelques années surtout dans des comédies, mais de tous types. Des comédies souvent réussies et raffinées dotées d’une palette d’humour variée qui lui vont généralement comme un gant, du comique tendre (« Alice et le maire ») à l’humour plus gras mais à mourir de rire (« Une homme heureux ») voire même le loufoque et le décalé (« Ma Loute »). Mais on l’a déjà vu aussi dans des suspenses (« Dans la maison ») et des films à connotation plus sociale ou historique. Mais rarement dans l’émotion pure et la tendresse. De son côté, le second est d’un éclectisme à toute épreuve puisque ses deux derniers films sont aux antipodes de « La Petite » : une comédie impertinente, décalée, foutraque et délicieuse avec deux monstres (Houellebecq et Depardieu) dans leurs propres rôles (« Thalasso » puis un film de genre malheureusement raté entre fantastique et apocalyptique (« La Tour »). Mais il a aussi adapté Grangé (« Le Concile de Pierre »), donner des rôles sérieux de flics dans des polars poisseux à des acteurs comiques avec brio comme Balasko dans l’excellent « Cette femme-là » et Lhermitte dans « Une affaire privée ». Il a aussi révélé Darroussin il y a vingt-cinq ans dans « Le Poulpe » et magnifié le duo Depardieu /Huppert dans l’immense « Valley of love ».
Bref, deux grands hommes du cinéma français dans un film sur le deuil, la paternité et les nouvelles formes de conception d’enfants. Il y est question d’un père qui perd son fils homosexuel et qui se met en tête de retrouver la mère porteuse de sa petite-fille pour élever cette dernière. Un beau sujet, de belles choses et une belle histoire qu’on nous promettait là. Mais « La Petite » déçoit en majeure partie, comme si la rencontre de ces deux artistes s’annulait. Et on peut dire que pas grand-chose ne fonctionne au point de presque nous ennuyer dans ce long-métrage ressemblant plus à un téléfilm faisant suite à un débat sur le service public qu’autre chose.
Paradoxalement, les deux problèmes principaux que l’on peut relever au sein de « La Petite » sont le choix de l’acteur principal en lui-même, dans un rôle qui ne lui va finalement pas en dépit de tous ses sincères efforts, et un cinéaste qui n’est pas très à l’aise dans ce style de cinéma tous publics et gentillet. Luchini se donne et tente de nous faire croire à son personnage mais on ne le sent pas trop à l’aise; il est même parfois à côté de la plaque (la scène de rap quand il est bourré en est le parfait exemple). Comme si ces petites manières comiques habituelles étaient trop contenues ici et l’engonçaient dans ce rôle où elles ne conviennent pas et que lors des séquences censées émouvoir, son talent s’exprimait en lignes de fuite et maladroitement. Quant à Nicloux, on a l’impression qu’il s’ennuie devant un sujet qui ne lui correspond pas, trop simple, trop réaliste, trop commun. Et cela se ressent. Le film dure une heure et demie à peine et l’ennui poli n’est pas loin. Seuls le charme de la Belgique flamande comme décor peu vu au cinéma et l’énergie de la jeune Mara Taquin font mouche. De plus, « La Petite » aborde plein de sujets de société ou profonds mais ne fait au final que de les effleurer rendant tout cela superficiel et anecdotique. Alors ça se regarde gentiment, ce n’est pas mauvais mais clairement et foncièrement décevant.
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