Soyons complètement honnêtes (on l'est toujours) : vous n'emmènerez pas vos enfants voir un film sur l'invention du vibrateur (paraît que c'est « vibromasseur » le vrai mot, mais je risque de me tromper encore). On est d'accord là-dessus. Cela ne veut pas dire que cela ne vaut pas la peine d'aller voir un film sur l'invention du vibrateur, juste que ce n'est pas un sujet pour les enfants, quoi qu'en dise le classement « Visa Général » de la Régie du cinéma. Parce que Hysteria n'est pas vulgaire du tout, ni explicite, ni dégoûtant, ni même particulièrement sexuel, mais qu'il raconte quand même l'invention du vibrateur, et que ça, ça fait pas mal de questions sans réponses dans la tête d'un tout-petit, surtout que - peu importe ce que c'est - ça a l'air bien plaisant.
Donc, on n'emmène pas les enfants voir Hysteria à moins de tenir absolument à répondre à leurs questions. Comment cela se fait-il que les seuls qui semblent ne pas avoir compris ça soient justement les créateurs de ce film? Eux qui n'ont pas hésité à traiter avec une naïveté enfantine leur sujet, pourtant adulte. Hysteria est donc une comédie romantique presque familiale, simplifiée au possible, qui utilise un humour inoffensif, presque gêné d'aborder le sujet du plaisir féminin. On entend presque les scénaristes et la réalisatrice Tanya Wexler ricaner et se faire des clins d'oeil complices à chaque fois qu'une femme vient s'écarter les jambes sur la chaise du médecin. Comme des enfants qui fouillent dans les tiroirs de leur maman...
Impossible de s'expliquer ce traitement infantile : le « mystère » entourant une « histoire d'amour » tout particulièrement clichée ne dure pas très longtemps, on a de « cocasses » accidents de vélos et une dame qui chante de l'opéra quand elle ressent du plaisir, puis une finale à l'eau de rose absolument insupportable pour quiconque a plus de 14 ans. Il faut vraiment avoir moins de dix ans pour s'étonner de quoi que ce soit de ce film (un adulte croira-t-il un seul instant que le gentil et charmant docteur va aller expliquer devant la cour que oui, les femmes sont toutes des hystériques, après la leçon en règle sur l'erreur médicale que fut l'hystérie que l'on a reçue tout au long du film?).
Des personnages féminins « forts » qui ressemblent à des héroïnes des contes de Disney, poussés par un féminisme anachronique, font de ce film une sorte de pep talk pour les femmes d'aujourd'hui - vous êtes capables! - avec justement une morale de conte de fées. Mais détrompons-nous, l'orgasme féminin n'est pas réservé qu'aux femmes, tout comme un film qui aborde des sujets théoriquement féminins n'est pas obligé de ne s'adresser qu'à elles; en tout cas pas à des femmes-enfants. C'est un sexisme bien ancré qui mène à croire que les femmes ne peuvent pas aborder en adultes leur sexualité, et c'est ce qui risque de causer la perte d'Hysteria.
Si Walt Disney faisait un film sur le même sujet, ça donnerait à peu près ça. À quoi bon? Bientôt sur nos écrans : Indiana Jones et la quête du point G?