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Agréable mais pour initiés
J'ai bien aimé la mise en scène et l'ambiance de ce film. J'avoue qu'ayant été restaurateur pendant plus de 40 ans, cela me donnait un regard quelque peu différent sur le film. J'étais capable de comprendre la démarche gustative des acteurs. A un moment on voit un turbot, pas du turbot canadien qui est en fait de la plie, mais un vrai turbot, j'en appréciais en pensée, la texture délicate. Les fonds de sauce, quel plaisir. On sent les conseils de Gagnaire, qui est d'ailleurs plus végé que carné. Mais je suis vendu à Juliette Binoche.
Ode aux saveurs façon Herta.
Tran Anh Hung est un cinéaste rare qui ne livre un film que tous les sept ou huit ans. Découvert avec « L’odeur de la papaye verte » il y a plus de trente ans, il n’a depuis cessé de prouver ses talents d’esthète tant ces films sont beaux à regarder, chaque plan étant étudié presque comme une peinture et flattant notre regard à chaque recoin de la pellicule. « La passion de Dodin Bouffant » ne déroge pas à la règle et nous régale de ses tableaux culinaires. Filmés comme des natures mortes en mouvement, les scènes de cuisine qui occupent la grande majorité du film sont sublimes, de leur éclairage à leur composition. Tout comme lorsque sa caméra se pose sur quelques évadées champêtres et bucoliques. C’est une œuvre qui transpire l’amour de la France d’antan et de ses plaisirs culinaires et qui nous ravit la rétine. Une ode aux saveurs et aux arts de la bouche qui a reçu un prix de la mise en scène mérité au dernier Festival de Cannes, mais certes discutable pour qui ne goûte pas à ce type de met cinématographique.
Les films sur la cuisine, contemporaine ou d’époque, sont légion et formeraient presque un sous-genre cinématographique. On pense au méconnu et magistral « The Chef » filmé en plan-séquence ou au récent « Délicieux » d’Éric Besnard, qui développe beaucoup d’accointances avec « La Passion de Dodin Bouffant ». Célébrer la bonne cuisine, les produits du terroir et tout cela dans une imagerie qu’on pourrait qualifier de pub Herta, volontairement passéiste et surannée, semble être le mantra de cette œuvre peu commune. Sur ce versant le film est réussi tant c’est beau et que tout cela nous fait saliver. L’autre bonne idée est de réunir à l’écran un duo qu’on n’avait pas revu depuis « Les Enfants du siècle » en 2001 ensemble à l’écran. Un ancien couple à la ville et deux très grands comédiens français : il s’agit de Benoit Magimel et de Juliette Binoche dont la complicité crève l’écran en dépit du fait qu’ils n’ont pas grand-chose à jouer et se mettre sous la dent, leurs rôles étant plus des chorégraphies en cuisine que de véritables personnages.
C’est d’ailleurs le souci majeur de ce long-métrage. Il lui manque une histoire, un véritable scénario de fiction qui incarnerait ses protagonistes au-delà de leur fonction cuisinière. Et comme le film dure plus de deux heures (c’est clairement trop), il faudra s’armer de patience et se satisfaire de ces rites culinaires à profusion et de leur élégie pour ne pas s’ennuyer. Un peu comme le délicieux mais pourtant malaimé « Le Chocolat », déjà avec Binoche, qui savait pourtant nous émerveiller. À l’ancienne également, sous sa forme de conte, mais il nous accrochait grâce à son récit, aussi naïf soit-il. Ensuite, on remarquera que les dialogues sont parfois un peu trop ampoulés et sonnent presque faux. La double passion de Dodin Bouffant (pour la cuisine et pour sa cuisinière) est en revanche bien représenté même si, comme sclérosé par cette mise en scène aux petits oignons, la seconde passion passait moins bien l’écran. Pour les amateurs et à visionner après le repas sous peine de fringale.
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Ensemble de nouveau
Ils se sont rencontrés lors du tournage "Les enfants du siècle" (sur Alfred de Musset) en 1997 , Benoît avait 23 ans et Binoche 33 ans ...et Paff ! le coup d'foudre fou-crazy dès le départ de leur rencontre !...qui a durée des années...une naissance est venue combler leur bonheur...et puis elle passe à autre chose...