********** La parfaite victime est présenté en salles à travers le Québec dès le 30 juin. ***********
Pendant les vagues de dénonciations sur les réseaux sociaux, la question qui revenait le plus souvent était : « Mais, pourquoi ne portent-elles/ils pas plainte? » Monic Néron et Émilie Perreault répondent à la question dans un documentaire percutant qui met en lumière les failles du système de justice en matière d'agressions sexuelles. On en a parlé en long et en large dans les médias, on en a même vu des exemples alors que certaines personnalités publiques ont été acquittées récemment, mais il est fascinant de découvrir les coulisses de ces procès où les victimes sont largement désavantagées.
Les deux réalisatrices nous présentent des cas réels, des gens de tous les horizons, auxquels on s'attache et qui nous révèlent, sans gants blancs, des détails bouleversants de leur expérience respective devant les tribunaux. On est à la fois troublé et choqué par les déclarations de ces victimes, ayant dû se mesurer à un avocat frondeur qui posait des questions cavalières dans un contexte impitoyable. Ce qui est d'autant plus fascinant c'est d'entendre des juges, des procureurs, des criminalistes et autres membres du personnel de l'appareil judiciaire s'exprimer face à ce système déficient. Certains sont plus prudents, se cachant derrière de grands concepts de droits, mais d'autres n'hésitent pas à y aller franc-jeu. On ne peut qu'être choqué d'entendre cet avocat déclarer (avec une fierté à peine contenue) qu'il n'a jamais perdu une cause en matière d'agression sexuelle.
L'un des passages les plus forts (et parmi les plus révélateurs) du long métrage concerne une question épineuse, qui pourrait être au coeur du problème. Les cinéastes demandent aux intervenants du monde juridique de leur expliquer ce qu'est le « doute raisonnable ». Aucun d'entre eux n'est en mesure de décrire clairement ce qu'est le concept, pourtant essentiel dans la loi. Il est fascinant de voir tous ces experts se démener afin de ne pas perdre la face. Parmi les moments les plus puissants de l'oeuvre, on doit aussi souligner cette finale fracassante. Sans trop vous en révéler, disons qu'on fait référence au film Mourir à tue-tête d'Anne Claire Poirier. Vous en aurez des frissons!
La parfaite victime répond à des questions, mais en soulève d'autres également. On espère que l'oeuvre aura un impact réel dans la société, autant pour une meilleure compréhension collective de l'appareil judiciaire en matière d'agression sexuelle, mais aussi, plus concrètement, pour une amélioration des pratiques légales.