Mot-clé qui ressort de plusieurs productions par les temps qui courent : s'assumer. On peut faire exploser des têtes avec une mitraillette, parler d'excréments et de maladies vénériennes, voir un homme survivre à des catastrophes naturelles et des boucheries sanglantes sans une égratignure et, on nous le prouve avec Pitch Perfect, ressortir les plus vieux clichés de l'histoire du cinéma et toujours rester intéressant et convaincant, suffit de s'assumer.
On connaît la fin de Pitch Perfect avant que le film débute, mais comme l'héroïne du film elle-même dit ne pas aimer le cinéma puisqu'elle est toujours en mesure de prédire la conclusion, on désamorce d'emblée l'évidence pour passer à l'appréciation d'une oeuvre mille fois convenue et pourtant fort divertissante. C'est ce désamorçage à double sens qui vient souvent sauver le film du cliché et du lieu commun agaçant.
La force de la musique fait, sans aucun doute possible, toute la puissance et l'originalité de cette comédie rafraîchissante qui s'adresse principalement aux jeunes filles mais qui peut aisément plaire à un large public. Puisque les groupes a capella (des chanteurs qui ne sont accompagnés par aucun musicien) connaissent une popularité grandissante depuis quelque temps, l'idée de réunir certains de ces artistes pluridisciplinaires dans une compétition nationale en était une fort à propos. Le choix des chansons s'avère d'une efficacité impérative au sein de la production. Certaines sont plus récentes (Bruno Mars, Kelly Clarkson) alors que d'autres plus anciennes (Dazz Band), mais elles parviennent toujours à atteindre leurs cibles et incitent, inconsciemment, le spectateur a taper du pied et fredonner les paroles.
On pouvait espérer de Pitch Perfect un humour aussi grinçant et décalé que celui présent dans certains des meilleurs épisodes de Glee (pour ceux qui auraient plus de 35 ans et/ou qui n'auraient pas d'adolescentes à la maison, Glee est une série télévisée américaine populaire auprès des jeunes dans laquelle la chorale d'une école secondaire reprend de vieux classiques ou des chansons actuelles en exploitant des thématiques en lien avec leur quotidien). On sent que le film a tenté cette tangente audacieuse, mais ne l'a pas exploité avec autant de vigueur qu'il aurait dû. Heureusement qu'il y a ces deux commentateurs désaxés, incarnés par Elizabeth Banks et John Michael Higgins, pour se mouiller dans les blagues compromettantes. Rebel Wilson et son personnage de Grosse Amy sont également responsables de plusieurs passages humoristiques percutants. Anna Kendrick, qui a une voix sublime, fait également un bon boulot dans le rôle principal; une apprentie DJ qui rêve de devenir productrice à Los Angeles.
Pitch Perfect fait partie de ces films thérapeutiques qui nous inondent d'une joie assez énigmatique et qui nous donnent soudainement l'envie de chanter et de danser même si le chant et la danse ne sont pas nos forces premières. Pitch Perfect est un placebo à l'ennui fort efficace qu'on peut consommer sans regret et sans limites. Un bon remède à la grisaille automnale.