L'éblouissement est le mot qui convient le mieux au nouveau film de Peter Jackson. Il parvient à plonger le spectateur dans l'univers fantasmé d'une adolescente de 14 ans, sauvagement assassinée avant même son premier baiser. Prémisse sombre certes - la mort d'une enfant n'est jamais chose vénielle - mais, grâce notamment à la texture incomparable des images, au talent indiscutable des comédiens et aux idéologies pertinentes développées dans le récit, le long métrage de Jackson s'avère une oeuvre digne, non loin de l'excellence.
Susie Salmon est une adolescente de quatorze ans aimée de sa famille et passionnée de photographie. Son monde bascule le 6 décembre 1973 lorsqu'elle est assassinée par l'un de ses voisins. La jeune Susie se retrouve alors dans un univers semblable au paradis mais hantée jour après jour par le souvenir de son tueur. Elle tentera alors de guider son père, depuis le monde des morts, vers la vérité.
Adapté du roman d'Alice Sebold, le scénario, entre le fantastique et le réalisme, est captivant, envoûtant. Malgré quelques épars égarements, les textes, justes, dépeignent habilement le postulat de « l'entre-deux » et les frontières de ce monde utopiste. Tout le film est campé par une narration solide, une voix juvénile fragile à qui l'on a retiré le droit d'exister et qui tente de comprendre, au-delà des lois, la bestialité humaine. Il existe une profondeur palpable dans chaque image, un cri de détresse vulnérable, un écho d'injustice. Le film développe également cette insouciance qui régnait au début des années 70 (et qui persiste encore de nos jours), cette croyance populaire - mais évidemment fausse - qui présumait que les malheurs de cette envergure n'arrivaient qu'aux autres.
Les images sublimes qui nous sont exhibées dès les premières minutes font parties intégrantes du récit. Les couleurs vives de « l'autre monde » et sa texture irréprochable représentent pertinemment l'imaginaire de l'enfant - des jeux candides dans les prés verts aux glissades en traineau à chien sur un lac gelé. Cet aspect de grandeur, ces hyperboles de la réalité sont essentiels pour bien assimiler le monde idyllique qui entoure la jeune Susie. Les ténèbres qui escortent le meurtrier sont également élémentaires dans la construction du mesquin personnage.
Les acteurs en sont pour beaucoup dans la réussite allégorique de l'oeuvre. Saoirse Ronan, qui incarne l'héroïne, livre un jeu pertinent, plein de nuances et de profondeur. Mark Wahlberg et Stanley Tucci donnent également une performance exceptionnelle, respectivement dans le rôle du père et du meurtrier. Le personnage secondaire qu'interprète Susan Sarandon, soit la grand-mère de Susie, amène une touche d'humour bienvenue dans les scènes plus arides émotionnellement. Elle permet également de démontrer une manière différente de vivre avec la mort – parce que personne ne gère la tristesse pareillement.
La nostalgie de l'ange est un film senti, une oeuvre qui s'inscrit difficilement dans un cadre bien précis, entre drame et féérie. Bien loin de son succès The Lord of the Rings, Jackson a choisi cette fois-ci une avenue différente, plus émotive, mais malgré cela, il n'a rien perdu de son talent de conteur, de magicien. Le film nous conseille de profiter de chaque moment, de la vie qui grouille encore dans nos veines, alors je conclurai ici : allez jouer, embrassez celui pour qui votre coeur vacille, criez si vous en avez envie… mais n'acceptez jamais de bonbons des inconnus.
L'éblouissement est le mot qui convient le mieux au nouveau film de Peter Jackson. Il parvient à plonger le spectateur dans l'univers fantasmé d'une adolescente de 14 ans, sauvagement assassinée avant même son premier baiser.
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