Animal magique pour film classique.
Vu à Montréal.
Il fallait oser! Faire de cette créature mythologique qu’est la licorne, la menace d’une sorte de film de monstres à tendance horrifique et plutôt premier degré était une sacrée gageure. Et le premier écueil attendu et presque inévitable avec un tel postulat était de sombrer dans le ridicule. Ce que « La mort d’une licorne » ne fait étonnamment jamais. Pour un premier film, Alex Scharfman réussit donc là une sacrée prouesse et maîtrise son concept audacieux. Pour le reste, ce long-métrage fantastico-horrifique aux nombreuses saillies comiques et ironiques (malgré son histoire sérieuse) alterne aussi bien le réussi et le maîtrisé que le raté et le galvaudé, rendant ainsi la projection aussi agréable et surprenante certains moments que frustrante ou fastidieuse à d’autres. Vous l’aurez compris, voilà donc un long-métrage dont la qualité est moyenne et le résultat mitigé ou pas vraiment à la hauteur de ces intrigantes promesses.
L’entame est plutôt du côté de ce qui fonctionne. L’arrivée des deux personnages principaux dans les montagnes rocheuses canadiennes où vit un richissime patron d’entreprise pharmaceutique, sa femme supposément philanthrope, leur fils et leur personnel est irréprochable et plante admirablement le contexte. On s’immerge au sein de décors naturels magnifiques et peu utilisés au cinéma (ceux des lacs de montagne dans les Rocheuses canadiennes avec ici un manoir au milieu de nulle part), on introduit la licorne et le mythe qui l’entoure de manière particulièrement probante et le portrait de groupe d’une famille de nantis entre « À couteaux tirés » et la série à la mode « The White Lotus » est rigolo et prometteur (même si c’est moins fin et aiguisé, le format film et le genre fantastique se prêtant moins à des personnages extrêmement développés). Et « La mort d’une licorne » continuera de nous surprendre à plusieurs reprises, notamment par ses effets spéciaux très convaincants ou quelques mises à mort bien gore et jouissives. On apprécie également des notes d’humour dans les dialogues qui font mouche, notamment grâce à Will Poulter, et une critique des ultra-riches et de Big Pharma bienvenue. Certes, elle est facile et parfois grossière mais elle fait toujours plaisir. Tant qu’on peut taper sur eux et ces gens déconnectés du monde, c’est appréciable!
Malheureusement, cette nouvelle production horrifique A24 est la seconde à décevoir après « Opus » en début de mois, même si ici c’est moins évident. Ce premier essai de Scharfman souffre de quelques longueurs, de certains tours de scénario trop voyants (Jenna Ortega qui devine tout grâce aux tapisseries), à des développements courus d’avance (on devine qui va mourir et dans quel ordre), une mise en scène sans grandes idées et un happy-end un peu trop mielleux. L’originalité des prémisses n’est clairement pas pérenne sur la durée et les délires potentiels promis par une telle idée sont finalement très limités. Les scènes de chasse des bestioles sont amusantes mais jamais effrayantes et la galerie de personnages est quand même très proche de la grossière caricature. Au final, « La mort d’une licorne » est une série B de prestige plaisante mais pas totalement aboutie et à laquelle un grain de folie supplémentaire et un déroulement hors des sentiers battus, loin du conformisme que son idée initiale semblait fuir, auraient fait le plus grand bien. Mais il nous fait tout de même passer un relatif bon moment avec quelques séquences mémorables.
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