Plus qu'un simple prequel à une franchise maintenant mythique, Rise of the Planet of the Apes est un divertissement convaincant et le propulseur d'une étude sociologique pertinente sur les restrictions ainsi que sur les innombrables possibilités des fonctions cérébrales. Évidemment, cet essai souffre des limites de son médium - il serait bien naïf de croire un instant que les producteurs de cette oeuvre avaient l'intention de soulever un quelconque débat ou ébranler, même en surface, les esprits – mais, il est tout de même fort réconfortant de se sentir un tant soit peu interpelé intellectuellement dans un blockbuster américain. En amorçant le récit au coeur d'un laboratoire qui s'efforce de trouver des solutions cliniques à l'Alzheimer (une maladie vorace qui affecte grandement notre population vieillissante), on permet au public de s'attacher rapidement à la cause, à l'environnement, au protagoniste. On en vient rapidement à éprouver de la sympathie pour le jeune primate, dont la mère a été le sujet de nombreuses recherches expérimentales, et, même si on le sait maître d'une prochaine révolution contre l'humanité, on voudrait tous un Ceasar qui habite dans notre grenier.
La somptuosité des effets spéciaux et leur efficacité tout au long de l'histoire sont probablement la plus grande qualité de l'oeuvre. Les singes se devaient d'être bien exécutés, d'être d'une compétence technique irréprochable; des acteurs dans des costumes poilus ne passent plus aujourd'hui, trop habitués à des illusions qui frôlent dangereusement la réalité, le public est davantage critique et perçoit les moindres imperfections visuelles. Les détails physiques de chacun des différents primates sont impressionnants; le visage de Ceasar qui s'humanise au fil du temps, les mouvements fluides (exécutés grâce à la technique - extrêmement bien maîtrisée - du « performance capture ») des chimpanzés ainsi que leur regard transcendant, pénétrant, sont tant de preuves de la productivité du département des effets spéciaux. Même les courses effrénées des singes dans la ville de San Francisco et les ravages qu'ils causent en voulant gagner leur liberté sont d'un réalisme stupéfiant.
Le scénario ne manque pas non plus de rigueur et de pertinence. Il aurait été facile d'imaginer une genèse banale à cette planète des singes, riche d'un passé fructueux et d'admirateurs déjà conquis, mais les créateurs semble avoir réfléchi avant de porter le premier coup de crayon à cet antépisode, qui pouvait autant nourrir de la série que la noyer. La plupart des faits généraux développés au sein des précédents opus ont été respectés de manière à faire de ce film un long métrage que les adeptes pourront apprécier autant que les novices.
En plus de nous distraire, le film nous fait traverser une gamme d'émotions impressionnantes; nos yeux sont encore humides par la tristesse quand nos coeurs s'emballent, anxieux et craintifs pour l'avenir des personnages, à poil ou à pieds. Rise of the Planet of the Apes est une réussite presque complète; certains relâchements narratifs dans le troisième tiers et le manque de finesse dans l'élaboration des protagonistes humains empêchent l'oeuvre d'atteindre la perfection. Et si la conclusion ne nous laissait pas aussi évidemment en attende d'une suite, on pourrait peut-être parler d'un film mémorable, mais malheureusement, plutôt que de nous laisser sur une note de satisfaction, on a choisi l'expectance. Un choix discutable, mais « monétairement » parlant, compréhensible.
Plus qu'un simple prequel à une franchise maintenant mythique, Rise of the Planet of the Apes est un divertissement convaincant et le propulseur d'une étude sociologique pertinente sur les restrictions ainsi que sur les innombrables possibilités des fonctions cérébrales.
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