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Je voulais croire
J'ai adoré les 3 premiers films et je les réécoute environ une fois par an.
C'est difficile pour moi d'aimer ce 4e film, car certains acteurs clés ne sont pas là. Il y a trop de copies des scènes de combat et de flashback. C'est peut-être pour les nostalgiques ou pour la nouvelle génération.
C'est aussi décevant que le jeu Cyberpunk. On sent que l'argent devient plus important que l'originalité et le désir de surprendre.
Je vais faire des efforts pour oublier ce film et croire qu'il y en avait juste 3.
Méta Matrix.
Si « Matrix » premier du nom a révolutionné le film d’action et le film de science-fiction des années 2000 en devenant culte après avoir été maintes fois copié, plagié et parodié (le lot de toutes les œuvres marquantes), ces deux suites étaient bien moins réussies. Au niveau des scènes d’action, c’était tout aussi impressionnant (la fameuse course-poursuite sidérante sur l’autoroute du second volet demeure un must) mais ces séquelles étaient surtout bavardes et se complaisaient dans un fatras pseudo-philosophique new age nébuleux, bavard et épuisant. Des suites pas à la hauteur de l’œuvre mère, cas typiques de la surenchère qui auraient pu nuire au prestige de l’original. Un quatrième épisode sous forme de suite et non de reboot (ouf!) faisait tout de même craindre le pire vingt ans après. Mais des exemples de ce type ont donné de bons films (le dernier « S.O.S. Fantômes ») voire des pépites (le somptueux « Blade Runner 2049 »). Disons-le d’emblée, les fans purs et durs risquent d’être décontenancés - voire de détester - mais contre toute attente ce nouvel opus ose pas mal de choses, prend des risques et se révèle bien meilleur que les deux précédents pour qui voudra bien se laisser porter par le virage pris et cette dimension particulière entre autocitation, analyse sociétale contemporaine d’une redoutable modernité et un propos pour le moins osé. Et, plus ou moins suggérée pendant tout le film comme le tout premier épisode, la notion de réalité altérée et biaisée est encore plus poussée ici. Mais la fin est équivoque, on oppose clairement les endormis satisfait d’une liberté factice aux gens éveillés épris de libre-arbitre et combattant un monde d’apparences. La métaphore est claire ici et toute ressemblance avec certains aspects de la situation actuelle n’est pas fortuite (complotistes opposés aux moutons et le film favorise clairement les premiers devenant une œuvre presque anarchiste cachée dans un blockbuster de studio pour qui aura l’intelligence ou la sensibilité de la percevoir).
La première demi-heure est la plus risquée mais elle réjouira les plus ouverts. « Matrix Résurrections » plonge droit dans la déconstruction du mythe, un aspect méta assumé de bout en bout et presque un chouïa de parodie respectueuse du mythe. Lana Wachowski officie seule et assume ses choix avec un mélange de malice et de passion et on comprend où elle a voulu en venir et pourquoi cette suite est née. Pas juste pour l’argent (enfin quand même pour la Warner, le studio producteur) mais surtout parce qu’elle a conscience que son illustre trilogie a peut-être pris un coup de vieux. Et cet opus réactualise le mythe de manière jubilatoire. Il faudrait même le revoir pour saisir toutes les subtilités développées ici. Entre philosophie (un peu de comptoir il faut l’avouer), constat sociétal et critique du monde d’aujourd’hui, la science-fiction et la Matrice deviennent le miroir de notre monde contemporain encore plus déliquescent que celui d’il y a vingt ans où le Web émergeait et les réseaux sociaux n’existaient pas. Puis quand l’histoire se lance (au final accessoire sans pour autant être mauvaise), c’est la notion de binarité qui prévaut (le Ying et le Yang, le blanc et le noir, le 1 et le 0, ...) et bien sûr encore et toujours l’Amour, comme dans les précédents, mais de manière encore plus poussée ici. Naïf ? Un peu mais ça passe. Le film de science-fiction devenant comme les films d’horreur intelligents un reflet des travers de nos sociétés abruties par la consommation, le virtuel et le vide.
Il y a quelques défauts bien sûr. Il manque un peu d’action et même si le final est impressionnant, les autres séquences du genre ne sont pas aussi mémorables et révolutionnaires que celles d’antan. Et même les superbes effets spéciaux dernier cri n’y peuvent rien. Maintenant le public est blasé et il en faut beaucoup pour mettre KO à ce niveau. Mais c’est formellement irréprochable et « Matrix Résurrections » évite clairement la redite en s’adaptant à notre époque. Ensuite, il y a un ventre mou au milieu qui fait craindre les tunnels de dialogue solennels et soporifiques de la première trilogie. Mais c’est vite récupéré. Enfin, Keanu Reeves semble spectateur de ce qui se passe comme s’il était là comme relais, préférant tout donner pour son nouveau personnage culte de John Wick qui a remis le film d’action clair, limpide et radical au goût du jour. Quant à Carrie-Anne Moss elle est trop peu présente pour qu’on puisse la juger mais la scène de clôture lui est en tous points dévolue. C’est Jessica Henwick qui impacte le plus dans ce quatrième volet et qui sollicite tous les regards. Entre visuels fabuleux (tout le dernier quart est splendide et en met plein la vue tandis que les décors sont revisités avec de nouveaux apports somptueux), un script malin mais roublard qui prend des risques au risque de diviser et des ponts entre deux époques, c’est une réussite imparfaite mais qui finalement se positionne comme un complément des trois autres. Presque un making-of contemporain et visionnaire de la première trilogie et d’un futur déshumanisé. A prendre ou à laisser mais certainement pas une suite pour rien.
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