*********** The Matrix Resurrections est disponible à l'achat sur les plateformes numériques au coût de 29,99 $. ************
Produire un quatrième opus de la Matrice, 18 ans près la sortie des deux derniers chapitres de la trilogie, c'était audacieux, certains diront même suicidaire. Lana Wachowski a fait fi des mauvaises langues et a offert aux fans de la première heure ce retour dont ils rêvaient. Est-ce à la hauteur des attentes? La réponse plate : cela dépend des attentes. Pour ceux, comme moi, pour qui The Matrix est un film culte, une oeuvre importante, cette Résurrection sera jouissive. Pas parce qu'elle propose une histoire particulièrement fascinante, mais parce qu'elle revisite toutes les scènes mythiques de la franchise de façon habile, frondeuse et avec une touche de sarcasme astucieuse.
Dans The Matrix Resurrections, on retrouve Neo sous les traits de Thomas Anderson. Ce dernier est un concepteur de jeu vidéo qui a rencontré énormément de succès avec son jeu La matrice, qui raconte la vie d'un programmeur informatique qui découvre que sa réalité n'est qu'un univers virtuel contrôlé par des machines. M. Anderson sera retrouvé par Morpheus et découvrira que le jeu qu'il a créé n'est pas de la fiction, mais un souvenir. Une fois qu'il aura à nouveau quitté la matrice, il se mettra en tête de sauver Trinity, piégée dans un monde créé de toutes pièces pour la manipuler.
Non, ce n'est pas simple. Il y a énormément de couches de récit ici. Il faut, bien entendu, être familier avec l'univers de La matrice pour apprécier ce 4e film à sa juste valeur. Les fans jubileront de voir ce nouveau monde dans lequel Neo est un geek qui prend des antidépresseurs (des pilules bleues) pour tenter de contrôler ses délires schizophréniques. Trinity est Tiffany, une mère de deux enfants, qui fréquente le même café que lui et par qui il est obnubilé. Lana Wachowski se permet un humour caustique réussi. Elle propose même un passage où les concepteurs de jeux vidéo discutent de la possibilité de faire un reboot de La matrice et de ce que le premier jeu (film) représentait pour les joueurs (cinéphiles). On passe à travers tout ce qui a été dit sur les significations allégoriques de l'oeuvre et c'est drôlement rafraîchissant.
Impossible de parler de The Matrix Resurrections sans mentionner la qualité exceptionnelle des effets spéciaux. Si le premier Matrice en 1999 avait révolutionné le cinéma, cette suite, 22 ans plus tard, en est un hommage triomphal. Keanu Reeves et Carrie-Anne Moss reprennent leur rôle avec beaucoup d'aisance. Le Morpheus version 2021 (Yahya Abdul-Mateen II) est convaincant, comme la plupart des nouveaux personnages d'ailleurs. Malheureusement, il reste quelques bogues dans le code de Lana. Toute cette nouvelle intrigue s'appuie sur « le pouvoir de l'amour » et on ne peut que constater que ce Roméo et Juliette à l'ère numérique manque de substance. D'ailleurs, les dernières images (conclusion de cet hymne sentimentalo-philosophique) sont plus loufoques qu'exaltantes comme elles auraient dû l'être.
Il n'y a rien de révolutionnaire dans ce nouveau film. C'est bien davantage une lettre d'amour aux fans qu'une oeuvre significative. Les nostalgiques qui le verront comme un cadeau seront certainement comblés par la proposition. Mais, ceux qui n'ont pas de liens affectifs avec la franchise risquent d'être rapidement rebutés par la complexité du propos et ses étranges visées romantiques. À vous de voir dans quel clan vous vous situez.