À peine deux semaines après la sortie du Immaculate de Michael Mohan, nous avons droit à un autre suspense d'épouvante à teneur religieuse se déroulant dans un établissement sous la supervision de l'Église cachant de bien sombres secrets.
Et le long métrage d'Arkasha Stevenson s'impose en soi comme le jumeau maléfique du film mettant en vedette Sydney Sweeney, suivant sensiblement le même parcours sur le plan dramatique, mais à des fins foncièrement différentes.
Évidemment, The First Omen est un antépisode au classique de Richard Donner mettant en vedette Gregory Peck.
Le résultat nous donne l'impression que quelqu'un chez 20th Century Studios a beaucoup aimé la façon dont le Rogue One: A Star Wars Story de Gareth Edwards menait ultimement à la scène d'ouverture de A New Hope, et s'est dit que la franchise toute désignée pour répéter l'expérience ne pouvait être que The Omen.
Et The First Omen donne plus souvent qu'autrement raison à cette personne d'une étonnante clairvoyance.
Certes, nous savons précisément comment la présente histoire va se terminer avant même qu'elle n'ait commencé. La bonne nouvelle, c'est que Stevenson et ses coscénaristes Tim Smith et Keith Thomas parviennent à démontrer - surtout en fin de parcours - qu'ils avaient bel et bien plus d'un tour dans leur sac.
Nous suivons donc Margaret (Nell Tiger Free) au moment de son arrivée à Rome. Nous sommes au début des années 1970, dans une période de grands changements sociaux et de révolte populaire contre les institutions, notamment l'Église catholique.
Margaret rejoint les rangs d'un orphelinat dans le but de devenir nonne. Elle y fait la rencontre de Carlita, une jeune fille tourmentée, souvent mise à l'écart en raison de son comportement étrange et violent.
Un prêtre excommunié prend un jour contact avec Margaret, l'informant que Carlita pourrait bien être la personne choisie pour enfanter l'antéchrist. Rien de moins! Au fil de découvertes et d'événements macabres, l'incrédulité de Margaret fait place à un profond désir de sauver Carlita de cette conspiration religieuse sans précédent.
Au niveau de la forme, Arkasha Stevenson fait d'abord part de sa volonté de payer ses respects en récupérant des méthodes propres au cinéma d'horreur des années 1970, situant habilement l'action de son film par l'entremise de longs ralentis, de mouvements de caméra paraissant possédés, et de plans très larges justement composés.
Mais la cinéaste n'échappe pas non plus aux mauvais plis du cinéma d'aujourd'hui. Nous sentons du coup un certain manque de confiance dans la présentation des séquences plus horrifiantes. Si Stevenson signe sa part d'images troublantes, insaisissables et malaisantes, trop souvent celles-ci sont suivies d'un effet de frayeur bruyant paraissant beaucoup trop forcé.
Dommage, car The First Omen est définitivement à son mieux lorsqu'il fait preuve de patience dans le déploiement de ses ambiances funestes.
En ce qui a trait au récit, les scénaristes jouent autant de paresse que de finesse en mettant d'abord la table en passant par une quantité non négligeable de lieux convenus. Mais le tout déboule ultimement sur une dernière ligne droite où le trio se permet beaucoup plus de libertés, prenant un malin plaisir à soudainement détourner ce qui a été introduit plus tôt, et à remettre en perspective les motivations des personnes impliquées.
Le revirement menant à cette spirale infernale est en soi attendu, mais bien servi, offrant d'autant plus la possibilité à Nell Tiger Free de donner une performance physique particulièrement sidérante. Stevenson opte d'ailleurs judicieusement pour le plan séquence afin de rendre justice à la performance de l'actrice dans ce qui pourrait bien être la meilleure scène du film.
Par l'entremise d'une finale à teneur féministe s'imposant comme un contrepoids à l'illusion de libération paradée au départ, The First Omen clame que la fin n'est, effectivement, que le commencement. Mais aussi que la franchise pourrait se risquer à s'aventurer vers de nouvelles avenues.
D'une proposition sortie un peu de nulle part de laquelle il était plutôt difficile d'espérer quoi que ce soit, The First Omen se révèle finalement une agréable surprise en son genre.