La résurrection est à l'honneur au cinéma en ce temps pascal. Pas celle du Christ, mais d'une inquiétante dame blanche qui sème la terreur auprès des enfants.
Il s'agit de la Llorona, une légende mexicaine du 17e siècle sur une femme qui se serait suicidée après avoir tué ses deux enfants. Elle revient hanter les vivants en s'attaquant à leurs progénitures. C'est ce qui arrive à Anna (Linda Cardellini), une assistance sociale qui fera tout pour protéger son garçon et sa fille.
S'inscrivant dans l'univers cinématographique de Conjuring (il y a même un lien tout à fait gratuit avec le premier Annabelle), The Curse of Llorona commence sérieusement à sentir la redite. Combien de fois verra-t-on un esprit diabolique s'en prendre à des êtres innocents, avant qu'une figure religieuse ne vienne contrecarrer ses plans funèbres? Trop, c'est comme pas assez.
Contrairement à The Nun qui a remporté un franc succès l'année dernière, cette variation sur des thèmes connus n'arrive pas à développer une ambiance et une atmosphère digne de ce nom. Tout est une question de sursauts gratuits et lassants. Au même titre que les techniques utilisées pour élever la tension, qui ne fonctionnent que deux ou trois fois maximum pendant tout le film. Entre l'eau, le vent, le miroir et la lumière, la redondance est de mise. Lorsque la caméra cadre de près ses personnages, c'est pour faire apparaître, dans 99 % du temps, la méchante derrière eux.
Cette dernière n'est guère effrayante. Sans doute aurait-elle dû demander des conseils au clown de It pour être plus convaincante. Elle n'est d'ailleurs pas la seule. Aucun des personnages n'est véritablement intéressant, et leurs interprètes laissent souvent à désirer. La seule exception est Linda Cardellini (Green Book), potable en mère protectrice. Il ne faut toutefois pas s'attendre à une performance renversante comme celles de Toni Collette (Hereditary) et de Lupita Nyong'o (Us).
Sans doute que la réalisation anonyme de Michael Chaves (qui s'occupera de celle de The Conjuring 3) n'est pas là pour aider. Mais c'est surtout le script déplorable de Mikki Daughtry et Tobias Iaconis qui fait mal. Après avoir massacré le drame sentimental avec Five Feet Apart, le duo est incapable de saisir l'essence de l'horreur, du deuil, du sentiment de culpabilité et même de la maternité, offrant un condensé de clichés prévisibles et superficiels.
En attendant la sortie du troisième volet d'Annabelle cet été, il faudra peut-être reconsidérer l'impact de cette série, qui a débuté en trombe avec les deux très bons épisodes de Conjuring avant de perdre une bonne partie de son charme et de son intérêt. En compagnie du Annabelle original qui était tellement ridicule qu'il en devenait drôle, The Curse of Llorona s'avère l'entrée la moins mémorable du lot. Malgré des comportements souvent risibles de ses personnages, l'ensemble se prend beaucoup trop au sérieux et il recèle peu de véritables frissons pour satisfaire les amateurs du genre.