La comédie américaine ne se porte pas très bien. Après l'inégal Snatched et le décevant Rough Night, c'est au tour de The House de mordre la poussière.
Le film avait pourtant deux immenses cartes dans son jeu : la présence de Will Ferrell et d'Amy Poehler. Des humoristes chevronnés issus de Saturday Night Live qui étaient rivaux dans le cocasse Blades of Glory. Un couple à l'écran qui aurait dû faire des flammèches et qui se révèle étrangement éteint. Le premier, sur une très mauvaise lancée depuis Zoolander 2, Daddy's Home et Get Hard, multiplie les mimiques, empêchant la seconde de véritablement prendre son envol. Ils se font régulièrement voler la vedette par Jason Mantzoukas, hilarant en voisin un peu fêlé.
Rappelant tout ce que peuvent faire des parents pour envoyer leur enfant à l'université (on est toutefois loin du magistral Baccalauréat de Cristian Mungiu), en fondant notamment leur propre casino, The House est particulièrement ennuyant lorsqu'il tente de développer son récit prévisible et sans intérêt. Il s'agit de la traditionnelle ode à la famille et à l'amitié, filmée platement et sans aucun talent par Andrew Jay Cohen. Le réalisateur retrouve son coscénariste Brendan O'Brien et la qualité de leur histoire varie entre leurs jouissifs deux épisodes de Neighbors et leur désolant Mike and Dave Need Wedding Dates.
C'est lorsqu'il décide de s'éloigner des conventions que le long métrage fait sourire. Il y a de l'improvisation qui s'étire pour le meilleur et pour le pire, mais aussi de grands moments surréels de n'importe quoi. Des combats à la Fight Club arrivent sans crier gare, un personnage perd soudainement la boule et le sang finit par gicler. Une folie généralisée qui se prend comme une oasis en pleine canicule. En plus de multiplier les hommages à l'immense Casino de Martin Scorsese, l'univers de la production ressemble par moments à American Hustle. Il y a justement Jeremy Renner qui vient y faire une apparition surprenante qui ne manquera pas de faire réagir.
On s'amuse donc à parcimonie devant The House, qui ressemble trop souvent à de longs sketchs sans queue ni tête. Des segments complètement cinglés font regretter que l'ensemble n'ait pas épousé ses convictions plus sombres et lugubres. Il est d'ailleurs question de sujets chauds (viols sur les campus d'université, coût exorbitant des frais de scolarité, corruption municipale, flics qui dégainent leur arme trop rapidement) qui sont abordés paresseusement. C'est en voulant plaire à la fois à un large public et à un auditoire plus spécialisé que cette comédie stupide de qualité fort variable s'éparpille. Le film n'a d'ailleurs pas été montré à la presse, ce qui n'est jamais bon signe.
Le spectateur fatigué qui a laissé son cerveau chez lui risque d'y trouver un plaisir coupable, potable, quoiqu'éphémère. Les autres seront déçus de la tournure des événements, de ne pas rire davantage avec ces têtes d'affiche que l'on a connues en bien meilleure forme.