L'idée d'adapter au grand écran une série de livres pour enfants populaire, éducative et imaginative n'était certes pas un mauvais plan, mais réunir la plupart des notions théoriques et des termes académiques des romans de Kathryn Lasky dans un film d'à peine 87 minutes l'était peut-être davantage. Les hiboux et les chouettes sont rarement les animaux étudiés en premier par les enfants; on connaît bien sûr leur cri, leur physionomie générale, mais on ignore, très certainement, leurs habitudes de chasse ou les caractéristiques de leur système digestif. Et, sans ces connaissances rudimentaires sur les strigidae (famille de rapaces en grande partie nocturnes qui comprend les hiboux), le film est parsemé d'interrogations et d'incertitudes - pourtant aisément évitables. Inutile de préciser que si le parent doit se concentrer pour assembler tous les morceaux du récit de manière à le rendre cohérent, l'enfant a déjà abandonné la narration depuis longtemps, se contentant de contempler les images - tout de même sublimes, avouons-le.
Soren est un oiseau très curieux, il est obsédé par le mythe des gardiens; un groupe de chouettes qui a livré des batailles légendaires, que lui raconte son père. Lui et son frère sont un jour enlevés par de méchants hiboux qui veulent faire d'eux des esclaves pour étendre leur puissance et créer une race de sangs purs. Soren réussit à s'enfuir de cette prison et s'envole vers le fameux arbre des gardiens pour réclamer de l'aide à ces personnages légendaires. Avec l'appui de ces derniers, Soren tentera de sauver les jeunes captifs et empêcher les sangs purs de dominer le monde des chouettes.
Le récit est rempli d'incohérences et questionnements; pourquoi les chouettes sont neutralisées par le métal? comment la lune parvient à ensorceler les orphelins? qu'est ce que les chauves-souris viennent faire dans l'histoire? Peut-être qu'après plusieurs écoutes attentives les réponses viendraient, mais faut-il vraiment avoir à écouter un film d'animation - par surcroît, qui s'adresse (aussi) aux enfants - plusieurs fois pour le comprendre en entier?
Le film est, de plus, d'une violence nettement considérable. On nous présente un monde en guerre (que l'on peut facilement comparer, en tant qu'adultes, aux révolutions humaines), des personnages d'une animosité et d'une brutalité troublante ainsi que des trahisons, des perfidies pour le moins déconcertantes (que le frère de Soren tente de le tuer même après qu'il ait sauvé d'une mort certaine est perturbant, déconcertant, pour un enfant à qui l'on enseigne l'entraide).
Malgré toutes ces faiblesses narratives, la qualité technique des images est indéniable. Les couleurs sont d'une richesse incroyable - le soleil qui enveloppe habilement le plumage des oiseaux, les reflets justes et profonds qui miroitent dans leurs regards -, les mouvements des chouettes sont fluides et cohérents et c'est sans parler du 3D qui, sans éblouir ou convaincre qui que ce soit de sa réelle utilité, nous transporte dans un monde inconnu avec finesse et retenu - et ce, sans nuire à la luminosité de l'image.
Il aurait peut-être fallu simplifier le récit de Kathryn Lasky pour le rendre accessible à tous - comme il aurait fallu complexifier celui d'Alpha et Oméga. Il est difficile de plaire à toutes les classes de la population; les films d'animation ont maintenant un mandat plutôt délicat et risqué. De se conforter dans un récit connu et apprécié n'est, de toute évidence, pas suffisant pour se distinguer des autres films d'animation qui envahissent notre paysage cinématographique. Mais, comme nous l'apprend La légende des gardiens - Le royaume de Ga'Hoole, c'est en tombant qu'on apprend à voler.
Le film est parsemé d'interrogations et d'incertitudes. Inutile de préciser que si le parent doit se concentrer pour assembler tous les morceaux du récit de manière à le rendre cohérent, l'enfant a déjà abandonné la narration depuis longtemps, se contentant de contempler les images - tout de même sublimes, avouons-le.
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