Il y a énormément de films d'animation qui envahissent nos écrans, et pour cause, ils sont certaines des oeuvres les plus rentables du cinéma depuis les dix dernières années. L'originalité n'est pas nécessairement l'intérêt principal des producteurs, mais n'empêche qu'il est toujours agréable de voir un film d'animation qui ose s'aventurer ailleurs que dans les sentiers battus par ces prédécesseurs. The Book of Life fait définitivement partie de ces insurgés du cinéma d'animation, mais aussi de ces productions desquelles on attendait peu, et qui arrivent à nous surprendre par leur charisme et leur audace.
Déjà, que les personnages soient des pantins de bois, avec nervures, découpage et jointures, est assez inusité. Mais qu'on les place au Mexique dans un conte romanesque entourant le jour des Morts l'est encore plus. Cette idée de mondes parallèles, de couches sous-jacentes au monde des vivants (les personnes décédées desquelles on se souvient vivent dans la joie et celles qui ont été oubliées de tous errent dans un monde de cendres), s'avère également une idée brillante. Le monde des inoubliés et celui des oubliés est bien construits et se révèlent d'une acuité désarmante au sein de la narration. Il n'y a peut-être que les thèmes et les morales qui restent convenus. On nous parle ici d'amitié, d'amour, d'acceptation de soi, de respect, de courage et même un peu de féminisme. Par contre, même si elles sont formalistes, les thématiques demeurent opportunes et efficaces.
Les choix musicaux adhèrent également à cet ensemble distinctif et insolite. Plutôt que de composer de nouvelles chansons, la production a plutôt choisi d'utiliser des refrains connus et de leur donner un cachet mexicain. Un concept qui ne peut nous empêcher de sourire dès les premières notes. La version française a décidé de traduire les paroles des chansons, comme le fait Disney par exemple. Généralement, l'attention est appréciée, mais ici, comme nous avons affaire à des hymnes populaires, le résultat final est beaucoup moins efficace, et cocasse, qu'il ne l'est en version originale.
Le conte de ces deux amis qui se battent pour le coeur de la même femme est introduit par une guide touristique qui amène un groupe d'enfants dissipés dans une section spéciale du musée et leur raconte l'histoire à partir du livre de la vie. Une narration extérieure n'est pas toujours efficace. Elle casse souvent le rythme de l'histoire principale et ajoute une lourdeur inutile à l'ensemble, mais ici elle permet aux enfants de prendre du recul et de mieux comprendre les détails du récit. Un peu comme un résumé à mi-parcours.
Les personnages de The Book of Life sont attachants et ses couleurs flamboyantes nous transportent dans son monde fantastique sans nous prier. Un univers de mariachis, de toréadors, de tacos et de tango, auquel on a bien du mal à résister.