Il faut dire que le public a été pris par surprise il y a deux ans lorsque CarpeDiem annonçait qu'elle travaillait sur une adaptation en animation du classique d'André Melançon. Un remake en prises de vue réelles nous aurait probablement moins étonnnés... Il a fallu un temps pour qu'on s'habitue à l'idée, mais nous nous y sommes faits, et pouvions affirmer, avec du recul, que le projet n'était pas complètement saugrenu. Vouloir partager un classique de l'enfance de plusieurs à une nouvelle génération était un souhait des plus nobles.
Les producteurs se sont entourés d'animateurs chevronnés qui ont fait passer le film culte des Contes pour tous dans une nouvelle ère. Les dessins sont sublimes et représentatifs. Bien qu'ils n'aient pas nécessairement le physique des acteurs qui interprétaient les personnages dans les années 1980, chacun d'eux possède une personnalité singulière qui nous rappelle les héros du film produit par Rock Demers.
Tous les moments forts de La guerre des tuques se retrouvent dans le nouveau long métrage. On peut donc y entendre « T'as un trou dans ta mitaine », « Les flans, les flans. C'est quoi ça les flans? » et bien sûr la réplique la plus classique d'entre toutes : « La guerre, la guerre, c'est pas une raison pour se faire mal! ». La peinture dans les boules de neige, Ti-Guy Lalune dans un piège à renard à ours et le fantastique fort de neige - qui a pris ici des allures beaucoup plus technologiques et sophistiquées - s'y retrouvent évidemment aussi. Bien que le réalisateur s'est affairé à n'oublier aucun élément culte, il a tout de même su jouer avec la trame narrative afin de l'actualiser et la rendre plus dynamique. Parce que, je vais le dire au risque de me faire lancer des balles de neige par la tête; La guerre des tuques n'a pas très bien vieilli...
Le nouveau film a aussi su s'adapter à la tendance populaire qui veut que chaque film d'animation ait son petit personnage secondaire attachant. Despicable Me avait ses mignons, Madagascar ses pingouins, Frozen son Olaf et La guerre des tuques 3D a ses jeunes enfants à la tuque bien enfoncée sur les oreilles qui se déplacent maladroitement (quoi de plus malhabiles que de jeunes enfants dans un ensemble de neige?).
La trame sonore est également une réussite. Les chansons en sont de splendides (l'album vaut d'ailleurs le détour, notamment pour « L'hymne » de Céline Dion et Fred Pellerin, ainsi que « Je suis le vent » de Marie-Mai et la nouvelle version de « L'amour a pris son temps ») et s'accordent parfaitement avec le ton et l'atmosphère chaleureuse du film d'animation.
Malgré ses nombreuses qualités, La guerre des tuques 3D possède un problème majeur : celui de ses performances vocales. Ce ne sont pas toutes les voix qui dérangent, mais plusieurs ne cadrent pas avec les personnages qu'elles représentent. Anne Casabonne offre la performance la moins réussie. Celle qui interprète un jeune garçon noir, Maranda, nous rend perplexes. Personnellement, j'ai été incapable d'oublier l'actrice de La galère derrière le jeune homme en habit vert. Certains accrocheront peut-être également sur la voix criarde de Sophie Cadieux sous les traits de Lucie ou sur cet effet d'écho d'André Sauvé en Georges et Henri. Il faut dire que certains tirent quand même bien leur épingle du jeu. La voix de Mariloup Wolfe colle assez bien à l'obstinée Sophie, et Hélène Bourgeois-Leclerc nous fait oublier qu'elle est une femme qui double un homme (François : Les lunettes).
La revisite de La guerre des tuques par un studio d'animation s'avère une réussite à la hauteur des attentes (il faut dire que je ne m'attendais pas à du Pixar non plus...). Le box-office nous dira si tout cet investissement (en produits dérivés, en publicités, en bus de tournée et en cachet d'acteurs chevronnés) aura été un coup de génie ou une bourde monumentale. Nous prierons pour le coup de génie...