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Folklore du bout du monde.
Un film canadien nous venant de la province de Terre-Neuve et Labrador, isolée en plein océan Atlantique au nord-est du Canada, ce n’est pas si commun. Vu que celui-ci se déroule même sur une petite île au large des côtes vivant totalement en autarcie on peut dire que c’est une véritable œuvre des antipodes. Pour nous en tout cas, la plupart spectateurs métropolitains, c’est dépaysant et atypique comme décor. Et « La grande marée » va – heureusement ou malheureusement – beaucoup valoir pour ce contexte particulier et rare. Malheureusement, parce qu’hormis cela on ne peut pas dire que le film soit particulièrement remarquable ou inoubliable. Heureusement, parce que c’est aussi tout ce qui fait le sel du film et lui procure une atmosphère si singulière. On a l’impression d’être véritablement isolé au bout du monde sur ce rocher battu par les vents où les habitants vivent encore comme au siècle passé tout en étant au fait de la modernité. Entre tribu proche du culte et du fanatisme sectaire à la « Midsommar » ou retrait par conviction culturelle et religieuse à l’instar des Amish du « Witness » de Peter Weir, la sensation d’isolement est prégnante et dans un cadre inusité.
La beauté du décor fait donc beaucoup pour ce film à l’image plutôt soignée malgré un budget que l’on sent limité. Et Christian Sparks le met parfaitement en valeur probablement conscient de la valeur ajoutée de celui-ci. Pour le reste, le constat est plus mitigé. Le premier quart d’heure est un peu laborieux et a du mal à poser les bases et les enjeux de l’histoire. On a du mal à discerner les divers personnages et leur introduction laisse à désirer. De la même manière, l’arrivée du bébé et ce qu’il va devenir apparaît tout aussi nébuleux durant les vingt premières minutes. Heureusement, après cela s’arrange mais le rythme est un peu languissant et cette histoire de croyances proche du surnaturel issu de supposés miracles réalisés par cet enfant providentiel ne nous semble pas assez poussée ou approfondie. La dernière ligne droite rattrape un peu tout cela en étant surprenante et bien plus haletante que les deux premiers tiers. Assortie à la mise en scène de Sparks, on obtient une œuvre qui lorgne parfois vers « The Wicker Man » ou « Le Rituel » mais sans être dans l’horreur, le gore ou le fantastique bis. Ici, les villageois sont moins extrêmes mais tout aussi accrochés à leur croyance. En effet, l’aspect fantastique n’est ici qu’une potentialité et reste en arrière-plan jusqu’à une fin à la fois radicale, belle et mystérieuse. « La grande marée » est n’est donc pas tout le temps réussi mais il y a quelque chose qui rend le tout agréable et rare, on ne peut le nier.
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