********* Nous avons pu voir le film au Festival du Film de Toronto 2022 ********
Si cette histoire de guerrières africaines dans les années 1800 ne nous attirait pas particulièrement, nous avons été complètement envoûtés par la proposition. Le film contient plusieurs couches importantes : d'abord un récit de guerre enlevant, puis une leçon d'histoire et de solidarité féminine à laquelle on peut difficilement rester insensible et un drame familial poignant. L'ingénieuse cinéaste Gina Prince-Bythewood manoeuvre habilement dans toutes ces dimensions, offrant une oeuvre fluide et galvanisante.
On suit un groupe de guerrières appelé Agojie, chargé de protéger le royaume de Dahomey. La générale Nanisca forme la nouvelle génération de recrues. Parmi elles, on retrouve Nawi, une jeune femme forcenée que son père a abandonnée aux portes du palais parce qu'elle a refusé d'épouser un homme qui la battait. Déterminée à se battre pour ce en quoi elle croit, elle deviendra bientôt l'une des soldates les plus douées et téméraires du clan.
L'actrice Thuso Mbedu, qui incarne la jeune héroïne, impressionne. À travers un seul regard, elle arrive à transmettre la fureur et l'ardeur de son personnage. Viola Davis est tout aussi épatante, dans un rôle de sage. Son calme intrinsèque et sa vigueur au combat captivent du début à la fin. On ne serait pas étonné de voir son nom dans la catégorie « Meilleure actrice dans un rôle principal » aux Oscars en 2022.
La scénariste Dana Stevens propose un scénario qui évite les stéréotypes et offre de belles surprises. Quelques-unes s'appuient peut-être un peu trop sur la coïncidence, mais les revirements qu'elles engendrent pardonnent le laxisme du hasard. Les scènes de combat ont été élégamment filmées. La violence y est contrôlée (censurée?). Même s'il y a beaucoup de morts sur le champ de bataille, le sang ne gicle pas comme dans 300. Les coups sont plus importants que les effets de ceux-ci. Il y a une élégance fascinante dans la réalisation maîtrisée de Prince-Bythewood.
Il se dégage de The Woman King des morales et des réflexions importantes, notamment sur l'expansion éthique d'un royaume et le pouvoir des femmes au sein de celui-ci. Si, dramatiquement, le film s'avère parfois inégal, il reste toujours irrésistible. Aussi engageant que Braveheart, le long métrage a beaucoup à offrir. Il ne vous reste plus qu'à récolter les fruits de la victoire de Gina Prince-Bythewood.