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Les racines du mal.
Nous sommes ici en plein dans un drame intimiste et feutré qui pourra sembler quelque peu amorphe pour certains car les non-dits et les révélations au compte-gouttes sont au centre du récit. Mais, sur une histoire courte et efficace, le cinéaste algérien immigré au Québec Bachir Bensaddek nous parle du passé qui ressurgit même quand on le fuit en même temps que des racines et des origines qui finissent toujours par nous hanter. À travers le personnage bien dessiné d’Halima, algérienne immigrée au Québec et mariée à un québécois avec qui elle a un enfant et un second en cours, il va tisser une histoire où ce passé et ses zones d’ombre impactent le présent et le futur. C’est d’ailleurs la grossesse de cette jeune femme qui va déclencher une envie de retourner en France pour affronter ses démons. Un ressort de scénario un peu forcé mais qui en vaut d’autres et permet au long-métrage de décoller.
Une fois en France, les secrets enfouis vont être distillés petit à petit. L’Histoire de France par le prisme de la Guerre d’Algérie est en toile de fond et permet un côté historique intéressant et instructif pour qui n’est pas au fait de cette période trouble. En retrouvant sa famille, Halima va se confronter à ce qu’elle a enfoui en fuyant son pays et ses proches. Par les rencontres avec les différents membres de sa famille, on va comprendre son trauma de manière délicate mais peut-être un peu trop en pointillés. En effet, les différents faces-à-faces avec ses frères, sœurs et parents vont éclaircir ce qu’elle a vécu et les raisons de sa fuite. Ces confrontations sont les meilleurs moments du film, denses, froids et implacables. On aurait cependant aimé qu’ils soient plus développés. Il y a un gout de trop-peu. Ces seconds rôles sont intéressants mais réduits à des rencontres mécaniques censées faire avancer l’intrigue alors qu’il y avait matière à densifier chacune d’entre elles. La rencontre la plus attendue est d’ailleurs frustrante puisqu’elle se déroule de manière bien trop rapide et abrupte. On n’en dira pas plus...
Nailia Harzoune, vue dans « Patients » ou « Placés » excelle dans un rôle difficile où les regards et les gestes ont leur importance tandis que le québécois Antoine Bertrand, acteur de la Belle Province souvent employé dans le cinéma français (de « Demain tout commence » au récent « La Promesse verte »), se débrouille comme un as dans un rôle d’observateur passif peu valorisant. Les seconds rôles qui jouent les membres de la famille d’Halima, tous méconnus, sont tout aussi bons. La réalisation de Bensaddek est peut-être aussi un peu trop sage et terne, rendant « La femme cachée » un brin austère. De la maison québécoise au sud de la France filmé en hiver, on ne peut pas dire que le cinéaste choisisse de magnifier ses images qui collent – on peut le dire aussi – au côté sombre de l’histoire. Il y a tout de même quelques fulgurances comme lorsqu’il filme le couloir de la maison familiale comme dans un film d’horreur. D’ailleurs, même si on suppose ce qu’a vécu Halima dans sa jeunesse, tout n’est pas clairement expliqué laissant parfois le spectateur dans un doute gênant. Un drame intéressant par bien des aspects mais pas toujours très clair, expressif et abouti comme on le voudrait.
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0n comprend dès le début le problème avec le frère Antoine Bertrand est bien dans le rôle ainsi que celle qui fait sa conjointe
À chaque famille sa face cachée
<p>Huit ans après la sortie du mitigé Montréal la blanche, Bachir Bensaddek revient avec un nouveau long-métrage, son plus complet en carrière.</p>
<p>Alors qu’Halima mène un vie rangée avec son mari et leur fille, une seconde grossesse la replonge dans ses traumas passés. Elle s’envole alors vers la France, avec sa famille, pour affronter ses démons.</p>
<p>Malgré la prévisibilité du scénario et le budget restreint de la production, La femme cachée offre des scènes d’une émotivité percutante. Le montage, la photographie et les effets sonores, non sans défaut, soutiennent avec finesse un scénario qui contraste judicieusement l’humour au drame. Néanmoins, c’est surtout la grande humanité des personnages et la profondeur du jeu de Nailia Harzoune qui laissent sans mots.</p>
<p>Bien que Bendassek parvienne à transmettre un message à travers la simple prise de vue d’un couloir, La femme cachée laisse son public devant l’impression d’une oeuvre incomplète. Ce film d’à peine plus d’un heure trente demeure contemplatif, ne transcendant pas le simple récit et n’exploitant pas avec suffisament de dimension les traumas intergénerationnels qui conduisent une victime à devenir l’abuseur.</p>