Dans cette ère du remake, reboot, sequel, prequel et autres adaptations, une nouvelle mouture au cinéma de La famille Addams, 28 ans plus tard, n'était pas surprenante. Mais encore fallait-il respecter les célèbres personnages lugubres de Charles Addams en les transportant dans le 21e siècle (ordinateur et téléphone cellulaire inclus). À cet égard, l'équipe de MGM s'est habilement acquittée de sa tâche. Gomez, Morticia, Mercredi et Pugsley sont aussi abominables que dans nos souvenirs. On retrouve même des alliés fidèles de la famille, dont La Chose et le Cousin Machin. Ce nouveau film honore l'effroyable réputation de chacun d'entre eux. Peut-être même un peu trop...
On semble avoir porté une attention tellement grande à magnifier les différents membres de la famille Addams qu'on a oublié de les placer au coeur d'une histoire intéressante. Cette vedette d'émission de décoration qui veut détruire le manoir des Addams parce qu'il ne colle pas dans son décor plus-que-parfait manque d'intérêt. Peut-être que, sur papier, l'idée d'opposer une designer d'intérieur manucurée à ces macabres protagonistes paraissait une bonne idée, mais, dans les faits, le concept s'épuise rapidement. Le film d'animation The Addams Family devient ainsi plutôt oubliable.
La morale - « Reste toi-même » - nous est également un peu trop enfoncée dans la gorge. Un brin plus subtil et le message aurait mieux passé... On retrouve, par contre, dans ce film l'humour morbide des Addams qui nous avait tant conquis jadis. On rit à plusieurs reprises, tant en raison des jeux de mots glauques (« tu t'es fait poser un lépreux », « je suis tellement déçu de vous voir ») que des situations loufoques vécues par les protagonistes.
On doit dire qu'on apprécie aussi le fait qu'on soit allé chercher des personnalités québécoises connues pour reprendre certains rôles. Il est plutôt amusant d'entendre Saskia Thuot prêter sa voix à la décoratrice d'intérieur déséquilibrée et Hubert Lenoir dans la peau de Pugsley Addams. Si la première manque un peu de naturel à certains moments, Lenoir est comme un poisson dans l'eau du début à la fin. Le jeune auteur-compositeur-interprète livre une étonnante performance dans un rôle qui lui va comme un gant. Mentionnons que dans la version originale anglaise, c'est Finn Wolfhard, le jeune acteur de Stranger Things, qui incarne Pugsley. Bien que Ludivine Reding ait l'habitude des doublages, on ne peut s'empêcher de mentionner son nom ici parce qu'elle fait une Mercredi absolument épatante.
À peine a-t-on quitté la salle de cinéma que déjà on a oublié les sinistres aventures de La famille Addams. Le film d'animation offre tout de même un bon moment aux nostalgiques qui espèrent introduire ces emblématiques personnages à leur jeune progéniture en cette période de l'Halloween, mais il ne marquera pas l'histoire. Loin de là. Une qualité d'exécution respectable et un humour sanglant, mais pas d'envoûtement ici.