La comédie est le genre de prédilection du septième art québécois. Qu'elle soit substantielle ou plus ludique, ses impacts marquent souvent l'inconscience de notre cinématographie nationale. C'est dans cette mouvance que tente de s'inscrire La face cachée du baklava avec des résultats peu concluants.
Il est pourtant question de choc culturel, de déracinement. De la mainmise de la famille et celle de l'homme sur la femme qui doivent choisir ou rejeter le mode de vie occidental. D'une quête d'émancipation et d'indépendance, d'une identité nouvelle de Libanais installés au Québec qui tentent de regarder devant eux même si le passé se fait toujours ressentir. Des thèmes universels que la cinéaste libanaise Maryanne Zéhil a déjà traités par le drame intimiste sur ses précédents longs métrages L'autre côté de novembre, La vallée des larmes et De ma fenêtre sans maison.
Son passage vers la comédie ne se fait toutefois pas sans heurt. Les tentatives d'humour s'avèrent inopérantes et même désespérantes. Tous les clichés sont reproduits, oubliant de faire sourire au passage. Il y a bien un moment ou deux plus touchants et réussis, rapidement éclipsé par la facilité du trait où la profondeur n'a aucun espace pour exister. Un délit de fuite pour exprimer l'état d'esprit de l'héroïne? La métaphore est un peu faible. Le fond est touché lors d'une longue séquence plus assommante qu'absurde qui concerne l'art contemporain. Déjà que la mise en scène à la traîne manque de tonus, se voulant trop souvent gauche et hésitante alors qu'elle aurait dû être plus mouvementée.
Les comédiens semblent cependant beaucoup s'amuser. Plus que le spectateur, en fait. Hormis Claudia Ferri qui arrive à moduler son jeu avec subtilité, les autres acteurs incarnent tous des stéréotypes ambulants, passant leur temps à crier et gesticuler pour des riens. Jean-Nicolas Verreault peine à suivre les enjeux, Geneviève Brouillette ressort ses mimiques habituelles, Raïa Haïdar en fait beaucoup trop et un segment complètement inutile digne d'une sitcom des années 80 ou 90 font émaner Angèle Coutu, Marcel Sabourin, France Castel et Michel Forget.
C'est à se demander s'il ne faut pas prendre le tout au deuxième (ou troisième, quatrième...) degré. Comme une satire exubérante du manque de communication - et du triomphe du mensonge - au sein de relations interpersonnelles volontairement poussées vers le kitch, à la façon d'une parodie de l'univers de Pedro Almodovar, ou l'équivalent des telenovelas et autres feuilletons égyptiens. Cela ferait mieux accepter l'hystérie collective des personnages, la musique appuyée de Benoît Charest, les gags qui tombent à plat et les dialogues du type «Je vais aller prendre un petit bain de diversité ». Mais est-ce réellement le cas?
En attendant, on se retrouve avec une comédie inoffensive qui saborde rapidement tout son potentiel au profit d'un scénario primaire qui manque de réelles situations humoristiques. De quoi vouloir s'empiffrer de bons baklavas pour mieux digérer ce qu'on a vu.