Après le succès de l'adaptation du roman de John Green au grand écran, The Fault in Our Stars, il était évident que Fox allait tenter d'exploiter au maximum cette mine d'or, ce Nicholas Sparks des films pour ados. L'histoire de Paper Towns en est une tout aussi belle que celle de The Fault in Our Stars, moins triste, il va s'en dire - parce qu'est-ce qui est plus triste que deux adolescents malades qui s'aiment passionnément mais savent que leurs jours sont comptés? -, mais tout aussi fascinante.
Ce qui démarque principalement les histoires de Green à celles qu'on retrouve généralement dans ce genre de films d'ados américains, c'est l'inattendu, et le non-conformisme des personnages. D'ordinaire, les longs métrages pour ce type de public mettent en scène un garçon ou une fille rejeté par ses pairs qui, pour une raison ou pour une autre, en vient à prouver au monde sa valeur et finit par fréquenter son fantasme de l'école (qui n'avait jamais vraiment été méchant avec lui ou elle directement, mais dont les amis étaient des pestes...). Vous voyez le portrait... Mais ici, il n'y a pas d'application malsaine d'une recette éprouvée. Oui, il y a un jeune homme moins populaire qui s'apprête à terminer le secondaire et la mystérieuse voisine dont il est amoureux, sur le point d'être nommée reine du bal, mais ces protagonistes se révèlent rapidement ne pas être ce qu'on attend d'eux. Même les personnages secondaires, qui servent la portion plus humoristique de la production (comme c'est souvent le cas), ne semblent pas avoir été calqués sur un modèle préétabli. Ils sont crédibles et attachants.
Comme la principale protagoniste féminine n'apparaît qu'une vingtaine de minutes pendant tout le film, il fallait une actrice qui sache marquer les esprits. Définitivement, la mannequin Cara Delevingne remplit adéquatement sa mission. Sa présence nous captive tant que même si on ne la voit que très peu à l'écran, elle laisse sa marque dès le début et on a l'impression qu'elle observe quelque part les personnages agir, qu'elle ne quitte jamais vraiment la scène. Nat Wolff est également très efficace dans son rôle. Il fallait un acteur capable de démontrer à la fois la fragilité, l'intensité et la naïveté salvatrice de son alter ego adolescent, et Wolff accomplit sa fonction à merveille.
Les scénaristes Scott Neustadter et Michael H. Weber, qui avaient travaillé à l'adaptation de The Fault in Our Stars pour le cinéma, ont repris du service pour ce nouveau film. Leurs textes sont définitivement à la hauteur du propos, et ce qu'ils nous avaient servi la première fois. Les dialogues sont pertinents et reflètent adéquatement la philosophie des personnages sans que ces derniers aient à la verbaliser.
Paper Towns apporte un bonheur incandescent à celui qui sait s'y perdre. Le film est une chasse au trésor à la fois pour l'amour (de toutes les formes) et pour l'acceptation et l'affirmation de soi. Il est la représentation d'un passage obligé à la vie adulte, qu'on ait choisi quel genre de personne on veut être ou pas. Même quand on a une carte, et qu'un chemin y est tracé, il n'est pas manifeste que c'est là qu'on doit aller...