Dans ce nouveau long métrage, le réalisateur des films primés Le vendeur et Le démantèlement, nous ramène à l'adolescence, cette période de la vie remplie de doutes, de peines, d'injustices et d'incompréhensions. Le drame s'intéresse au destin de la jeune Léonie - marginale et renfrognée - qui, à la veille de terminer son secondaire, tente de déterminer sa place dans le monde.
Karelle Tremblay est d'ailleurs fabuleuse sous les traits de cette ado tourmentée qui va jusqu'à saccager la voiture de son beau-père tellement elle exècre le personnage. La comédienne parvient à nous faire ressentir l'affliction et la détresse vécue par l'adolescente, qui n'a pas la langue dans sa poche. Évidemment, son animosité perpétuelle est difficile à comprendre avec un regard d'adulte, mais, dès qu'on se rappelle nos 16 ans, on compatit avec l'héroïne.
Cette jouvencelle révoltée fera la connaissance d'un homme, bien plus vieux qu'elle (qu'on imagine dans la trentaine), joué par Pierre-Luc Brillant. Lui non plus n'entre pas dans le cadre imposé par la société. Steve habite dans le sous-sol de la maison de sa mère, gagne sa vie en donnant des cours de guitare et n'a pas d'ambitions outre celle de flâner jusqu'au lendemain. Ce duo atypique est l'élément le plus intéressant du film. Léonie et Steve développent une relation d'amitié particulière, entre l'amour et la fratrie. À plusieurs reprises, on croit qu'ils tomberont dans les bras l'un de l'autre, mais ce n'est pas là le point de mire de leur rencontre. Ces deux âmes solitaires viennent panser une blessure chez l'autre, réparer quelque chose qui est cassé.
La réalisation introspective et contemplative de Sébastien Pilote s'accorde parfaitement avec le désenchantement des deux protagonistes. Ces scènes sur le terrain de baseball, où Léonie a été engagée pour l'été, sont visuellement et émotivement fortes. Par contre, cette lenteur inhérente apporte aussi son lot de revers négatifs. Le spectateur se sent rapidement largué suite à ces nombreux silences pénétrants et ces dialogues distants. L'histoire manque aussi d'ancrage à certains endroits. On aurait bien aimé en savoir davantage sur le personnage de Brillant, même si son aspect mystérieux lui permet de se différencier. Même s'il y a une intensité dramatique dans plusieurs scènes, on finit par avoir une impression de vide difficile à réprimer.
Malgré quelques belles idées et des acteurs talentueux qui portent la force émotionnelle du film sur leurs épaules, La disparition des lucioles manque de personnalité et de vigueur pour séduire complètement. Le cinéaste a choisi une voie différente pour ce troisième film et on a l'impression qu'il est moins à l'aise dans une proposition jeune et mélancolique que dans les avenues lourdes et opaques qui ont fait sa réputation...