Maladroitement présenté comme un film d'horreur banal par une campagne de marketing peu inventive, La dernière maison sur la gauche version 2009 ne pourrait être classé dans cette catégorie, pour plusieurs raisons d'ailleurs. Car là où les « films d'horreur » font de la « terreur nerveuse », La dernière maison sur la gauche est plus viscéral, plus corporel, et joue efficacement avec cette curiosité morbide qui, de tout temps, a fait le cinéma. Le statut de voyeur du spectateur, donc, qui est ici au centre d'une exploration de la loi du Talion... qui ne tient malheureusement pas la route au-delà du simple divertissement détraqué.
Mari et son amie Paige vont dans la chambre de motel de Justin afin d'acheter du pot (oh pécheresses, soyez punies!). Mais lorsque le père de Justin, recherché par la police, et ses complices entrent dans la chambre, ils ne peuvent laisser partir les deux jeunes filles. Lorsqu'elles tentent de s'évader, ils les violent et les tuent. Le quatuor trouve refuge auprès des parents de Mari, qui attendent leur fille. Or, cette dernière rentre à la maison particulièrement mal en point. Lorsqu'ils découvrent que les visiteurs sont responsables de ce qui est arrivé à leur fille, ils décident de se venger.
Les comédiens, Monica Potter et Tony Goldwyn en tête, sont d'une surprenante efficacité. Ils incarnent des parents consciencieux et modernes, éloignant relativement l'aspect religieux qu'on retrouvait dans le premier film. L'aspect burlesque a aussi été évincé, pour le plus grand bien du récit, qui évite la plupart des invraisemblances et des gens irrationnels. En fait, on peut dire que les méchants autant que les gentils sont des personnes intelligentes qui poursuivent des objectifs différents. Et puis il faut avouer qu'un budget suffisant fait le plus grand bien au film.
On en vient même à développer une sympathie pour les personnages, en particulier pour la mère, beaucoup plus rationnelle que dans l'original (quoique l'effet était psychotronique lorsqu'elle mordait le pénis du méchant après lui avoir fait une fellation). Les références sexuelles sont d'ailleurs beaucoup moins explicites en 2009, alors que la violence est devenue plus graphique. Mais le compétent réalisateur Dennis Iliadis cerne bien son récit, évite les temps morts autant que les raccourcis.
Même la direction-photo, habituellement cruellement délaissée dans les films de ce genre, sert à créer des ambiances convaincantes. On remarque (et cautionne) aussi une utilisation modérée de la musique et de l'aspect nerveux de la terreur.
Une exploration de la violence certainement moins poussée que Funny Games - et un film bien moins intelligent aussi - qui n'a cependant pas à rougir d'être ce qu'il est : un test pour qui voudra bien s'y soumettre, un test pour savoir jusqu'où peut aller la violence sans qu'on ne ressente rien, jusqu'où peuvent aller la rationalité, la justice, la vengeance et quand les victimes deviennent des coupables et les coupables des victimes. La dernière maison sur la gauche s'élève au-dessus de la mêlée parce que la réalisation est efficace et que les comédiens sont d'une grande justesse. On évite ainsi les problèmes de crédibilité et on peut se concentrer sur le message, qu'il appartient à chacun de soumettre à sa morale.
Là où les « films d'horreur » font de la « terreur nerveuse », La dernière maison sur la gauche est plus viscéral, plus corporel, et joue efficacement avec cette curiosité morbide qui, de tous temps, a fait le cinéma. Le statut de voyeur du spectateur, donc, qui est ici au centre d'une exploration de la loi du Talion... qui ne tient malheureusement pas la route au-delà du simple divertissement détraqué.