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Crépuscule désenchanté.
La dynastie cinématographique Coppola n’en finit pas de faire des émules. Après le maître et patriarche Francis Ford Coppola et sa fille Sofia, voici Gia Coppola qui réalise ici son premier film. Petite fille et nièce de (mais également et forcément parente avec Nicolas Cage et Jason Schwartzman qui a un petit rôle dans le film), la jeune femme réalise un joli essai dans le sérail du cinéma indépendant qui a vu fleurir Sofia Coppola et qu’elle ne renierait sans doute pas au vu de l’atmosphère envoûtante que laisse transparaître « The last showgirl ». En filmant le portrait d’une danseuse de cabaret en fin de parcours (tout comme son show) mais aussi celui d’une ville aussi illustre que fantasmée sous un jour différent (à contrario du récent « Anora » par exemple), elle réalise une œuvre maîtrisée et pertinente à défaut d’être inoubliable. L’ambiance crépusculaire et désenchantée présentée ici est de toute beauté et fait donc parfois penser à certains films aux aspects éthérés et feutrés de sa tante comme « Lost in translation ».
La valeur ajoutée certaine de « The last showgirl » est d’avoir choisi un casting dominé par trois comédiens inattendus et à contre-emploi. Il y a bien sûr une Pamela Anderson sans fard qu’on est vraiment étonné de voir là. Le rôle d’une vie probablement pour la star qu’on a rarement vu jouer un rôle sérieux et dont le seul personnage saillant et mémorable qu’elle a endossé fut probablement celui d’une des sirènes de la série « Alerte à Malibu ». Elle nous livre une composition à récompenses où elle se met à nu dans tous les sens du terme, assumant son âge et en reflet avec sa propre carrière. On pense d’ailleurs un peu au rôle offert par Coralie Fargeat à Demi Moore dans la claque inoubliable « The Substance » pour la manière dont une ancienne gloire est remise sur le devant de la scène. Un choix judicieux qui donne beaucoup d’âme au long-métrage. On est tout aussi étonné de voir la star de blockbusters et ancien catcheur Dave Bautista (Drax dans « Les Gardiens de la Galaxie ») dans une prestation de la sorte dans un petit film indépendant, montrant qu’il a des talents insoupçonnés à explorer. Enfin, Jamie Lee Curtis ajoute un nouveau second rôle notable et qualitatif à sa filmographie, après le foutraque et clivant « Everything, everywhere, all at once » qui lui avait valu l’Oscar, avec ce rôle de serveuse septuagénaire sur le retour où elle brille en l’espace de quelques scènes dont un lap-dance du désespoir mémorable sur le « Turn Around » de Bonnie Tyler. Un casting qui joue pour beaucoup dans le plaisir qu’on a à visionner ce film.
« The last showgirl » a le mérite d’être court et d’éviter l’excès de contemplatif, ce qui est une gageure vu que le film s’apparente à une chronique sans véritable fil narratif et intrigue. Avec un scénario comme celui-là, presque inexistant, qui tire plus vers le portrait d’une femme et de son milieu, cette heure et demie suffit amplement. La place de la femme vieillissante dans un milieu comme celui-là est parfaitement retranscrite, amer et triste. Le Las Vegas filmé par Gia Coppola est en outre magnifique, constitué de lieux de tournage tout sauf magiques et mythiques constamment tourné avec les lumières naturelles du coucher de soleil, rendant l’image singulière et belle. L’envers du décor y est donc montré sous un jour (ou plutôt un crépuscule) hors des clichés habituels. Alors si le film n’est clairement pas inoubliable, il fait montre d’un talent certain, et on embarque au côté de cette « dernière » danseuse de cabaret et de son histoire classique mais touchante.
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