*********** Le film québécois La déesse des mouches à feu prend l'affiche dans les salles le vendredi 25 septembre prochain. **********
La déesse des mouches à feu s'avère certainement l'un des meilleurs films québécois de l'année. Nous ne sommes pas ici, par contre, dans le feel good movie, au contraire, il s'agit d'une oeuvre coup de poing, extrêmement déchirante, qui secoue irrémédiablement le cinéphile, peu importe son âge, ses allégeances ou ses valeurs. On y aborde l'adolescence de front, sans gants blancs, avec une rage et une violence à peine contenue.
Le film, campé au milieu des années 90, raconte l'histoire de Catherine, une jeune fille de 16 ans ébranlée par le divorce houleux de ses parents. Après être tombée amoureuse d'un petit bum de son école, elle s'acoquine avec les mauvaises personnes et se met à consommer de multiples drogues en grande quantité, au grand dam de sa mère et son père qui n'ont bientôt plus aucune emprise sur elle.
Le long métrage repose presque entièrement sur les épaules de la fabuleuse Kelly Depeault. La jeune actrice, qui est de toutes les scènes, livre une performance digne des plus mémorables du cinéma québécois des dernières années. Habitée, trempée, déterminée, elle crève l'écran de manière particulièrement remarquable. Dans le rôle de ses parents, Caroline Néron et Normand D'Amour sont excessivement crédibles. On croit en la haine viscérale qu'ils se portent, mais on entrevoit aussi un amour profond qui nourrit leur colère plutôt que de la calmer. Les jeunes acteurs et actrices Marine Johnson, Antoine Desrochers, Robin L'Houmeau et Éléonore Loiselle épatent également par la justesse et l'intensité de leur jeu. Il y a une sincérité qui se dégage de leurs performances, une véracité troublante.
Anaïs Barbeau-Lavalette a choisi une approche intimiste. On est près des personnages, tant physiquement qu'émotionnellement. Le film La déesse des mouches à feu n'est pas droit ni beau, c'est une oeuvre un peu chaotique, informe, qui se rebelle contre tout, même son médium. Il y a une fureur de vivre dans ce long métrage qui transparaît dans presque chaque plan, un désir d'abattre les barrières et d'ébranler les conventions. La réalisatrice ne s'est pas censurée. Elle n'a pas tenté de styliser outre mesure les scènes de sexe et de consommation. Encore là, on est dans l'authenticité et la vérité pure. Le drame renferme quelques petites longueurs, notamment au trois quarts, mais rien pour faire décrocher le spectateur.
Si ce n'est que pour l'interprétation plus grande que nature de Kelly Depeault, il faut voir La déesse des mouches à feu. Oui, c'est dur, c'est noir et souvent douloureux, mais c'est surtout juste et follement intense.