L'histoire d'Aung San Suu Kyi en est une renversante, émouvante, encourageante et - en prime - d'actualité, puisque la femme politique birmane a récemment (le 1er avril 2012) été élue députée lors d'élections partielles remportées par son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (LND). La récipiendaire d'un prix Nobel de la paix en 1991 était la leader parfaite pour faire l'objet d'un long métrage; ses amours, sa famille, ses convictions inébranlables, son courage et finalement sa victoire stimulante en font une personnalité d'un grand potentiel narratif. Son interprète, Michelle Yeoh, a su infliger à ce personnage une humanité et une attraction qui dépassent - et de loin - les frontières de ce pays dirigé par une force militaire oppressante qu'est la Birmanie. Elle a su nous rendre sympathique et chaleureuse cette femme qui a renoncé presque complètement à son mari et ses enfants pour sa patrie et son peuple persécuté, une femme qui couvrait les murs de sa résidence, où elle était assignée, de citations de grands penseurs et hommes d'État pour se rappeler l'importance de ses motifs, de ses choix. Une femme d'exception.
La réalisation de Luc Besson s'avère d'une pudeur, d'une probité et d'une fragilité palpables. Sa caméra - qui ne s'aventure que très peu dans de stériles émulations artistiques - suit avec justesse, avec une sorte d'impartialité (contrainte évidemment aux limites de la fiction et du portrait) transcendante. Le cinéaste - qui n'a pas l'habitude de ce genre de fresque politique - nous dévoile certains panoramas époustouflants, même si l'action principale se déroule dans un lieu clos, la maison dans laquelle a été enfermée pendant de nombreuses années la défenderesse de la démocratie. Il nous fait également connaître la diversité culturelle de ce pays en nous présentant plusieurs groupes spécifiques dont les Padaung (femmes au long cou), les moines bouddhistes, les femmes Chin, qui ont le visage tatoué, et ceux qui couvre leur figure de thanaka (une pâte dorée).
Même si certains dialogues sont assez mesurés et sonnent parfois empruntés (notamment certaines discussions entre le général et ses subordonnés), l'ensemble du scénario se révèle bien découpé et adéquatement balancé. On retrouve que très peu de temps mort dans le film ou de scènes inutiles, et ce, même si l'oeuvre totale est d'une durée de plus de deux heures dix. La relation amoureuse entre l’héroïne et un professeur britannique est fort bien dépeinte et laisse présager que l'amour peut survivre à toute sorte de chaos; un message d'espoir aussi puissant que celui qui découle du combat philanthrope d'Aung San Suu Kyi. Le débat soulevé dans le film – votre patrie ou votre famille? - est si bien exposé, si habilement livré qu'on ne peut que se questionner personnellement si le choix que nous serions portés à faire dans une telle situation.
Il n'est pas nécessaire de connaître la culture birmane pour apprécier The Lady, même les plus néophytes y trouveront un intérêt et seront probablement inciter a posteriori à s'informer sur l'histoire de ce pays d'Asie du Sud-Est continental. Les reconstitutions historiques et les biographiques de personnalités internationales ne sont pas généralement les films les plus populaires en salles – surtout quand près de la moitié est en birman sous-titrée - mais, celle-ci est fort bien adaptée et, malgré ses préceptes politiques et historiques sans doute moins accessibles que la moyenne des oeuvres qui prennent l'affiche chez nous, mérite amplement le déplacement. Parce que comme le film le dit si bien : « Même si vous ne vous souciez pas de la politique, la politique se soucie de vous. »
La réalisation de Luc Besson s'avère d'une pudeur, d'une probité et d'une fragilité palpables. Sa caméra - qui ne s'aventure que très peu dans de stériles émulations artistiques - suit avec justesse, avec une sorte d'impartialité (contrainte évidemment aux limites de la fiction et du portrait) transcendante.
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