« Charmant » est le terme le plus approprié pour ce film d'auteur qui nous atteint droit au coeur. Sans fla-fla ou autres fleurs bleues immondes, le long métrage de Nicholas Hytner raconte l'histoire d'une femme itinérante, vivant dans une camionnette, avec la même sensibilité et le même respect que l'homme qui l'accueille dans sa cour.
Le destin de cette vieille dame aigrie et mystérieuse nous confronte sur nos propres croyances et valeurs. L'interprétation époustouflante de Maggie Smith y est pour beaucoup. Celle-ci livre une performance stupéfiante, plus vraie que nature. Malgré l'acrimonie de son personnage, on s'y attache presque instantanément grâce à la fragilité et à la lucidité que Smith est parvenue à lui donner. Même si on la voit pester contre la musique, les enfants, la pitié, on ne peut s'empêcher de s'y intéresser et de s'en enticher.
Alex Jennings est également fort convaincant dans le premier rôle masculin. Alan Bennett est un homme magnanime qui accepte de voir une étrangère - peu reconnaissante d'ailleurs - s'installer sur son terrain avec comme seule récompense le sentiment de poser un geste charitable et nécessaire. Celui-ci, tout aussi attachant que sa complice féminine, est le narrateur du film. D'ailleurs, la décision de diviser le personnage en deux, celui qui écrit et celui qui vit ce que l'autre met sur papier, en est une fort profitable au récit qui gagne en profondeur et en humour. Il ne faut pas négliger non plus le talent des acteurs secondaires qui apportent aussi beaucoup à la trame narrative. Frances de la Tour, Deborah Findlay et Roger Allam, qui incarnent certains des bourgeois habitant le village où s'est installée la dame à la camionnette, démontrent à la fois un dédain, mais aussi une empathie qu'il est tout aussi nécessaire de montrer. Tout n'est jamais tout blanc ou tout noir dans ce film, et c'est l'une de ses plus belles qualités; ses nuances assumées.
Cette histoire, qu'on nous dit d'abord « quasiment vraie », en est une touchante et vibrante. L'humilité et la sobriété de la réalisation apportent une âme sincère à la production, qui échafaude un mystère authentique autour de ce personnage d'ancienne religieuse, qui a décidé de mener le reste de sa vie dans une camionnette décrépite. Les textes, rédigés par Alan Bennett lui-même, sont justes et porteurs. Les répliques de la protagoniste ne manquent pas de candeur et celles d'Alan nous permettent souvent d'approcher la situation différemment, plus humblement.
La dame à la camionnette nous démontre que toutes les vies sont importantes et qu'elles méritent d'être racontées et entendues.