Comme l'adaptation animée de La guerre des tuques a connu un succès considérable au box-office québécois lors de sa sortie en 2015 (plus de 3,5 millions $), il ne faut pas s'étonner qu'on ait eu envie de produire une suite. Mais enrichir l'univers de Luc, Sophie, François les lunettes, Pierre et Chabot, créé par Rock Demers, était un pari risqué, voire casse-cou. Ce nouveau film souffrira certes moins de la comparaison que son prédécesseur et s'adresse à un public ouvert aux suites, si nombreuses sur nos écrans depuis quelques années.
Heureusement, nous sommes bien loin de l'échec avec cette production rafraîchissante qui nous ramène à nos croyances et notre culture collective québécoise. Glisser sur la neige est une activité traditionnelle chez nous, tout comme celle de construire des forts. Cette idée de baser ce nouveau film sur une course de luges s'avère un choix judicieux. Mettre François comme protagoniste masculin permet aussi au film de se différencier de ses adversaires sur le marché. Il est plutôt rare que le personnage principal d'un long métrage pour enfants soit l'intellectuel égocentrique. Luc et Sophie font toujours partie du récit, mais ils évoluent dans l'ombre du génie à lunettes. Encore une fois, on retrouve un chien au sein de cette aventure. Ce chiot espiègle permet aux cinéphiles, grands et petits, d'enfin faire leur deuil de Cléo.
Dans ce nouveau film, on rencontre aussi deux nouveaux personnages; Zac et Charlie. Si Zac frôle le cliché (un garçon solitaire, sans moral et débrouillard qui manque d'amour), sa cousine Charlie, magnifiquement bien interprétée par une Ludivine Reding épanouie, fait face à des débats moraux intéressants et riches. Saluons au passage l'aspect comique du personnage de France, qui charme les spectateurs par son adorable candeur. Le retour des mini-tuques, qui ont désormais leur propre série télévisée, génère aussi un bonheur simple et contagieux.
« La caboche bat toujours les tout croches. »
Les québécismes employés dans le film sont assumés et deviennent presque mélodieux dans la bouche des jeunes héros. Qui aurait pu croire que « lâche-moi le péteux » ait un effet aussi rassurant?! Comme le film se déroule au Québec, les enfants s'expriment comme les jeunes d'ici et on aime cette élocution sculptée par les grands froids de février.
Par contre, malgré toutes ses belles qualités, on ne peut s'empêcher de se dire que la trame narrative de La course des tuques manque de nuances et d'originalité. Même si elle n'est pas dépourvue de sincérité et d'authenticité, au contraire, on aurait espéré une histoire plus étoffée. Peut-être aussi qu'on aurait pu utiliser autre chose que les pets pour amuser les enfants. Les flatulences sonores reviennent à quelques reprises dans le film, au grand découragement des parents.
Quand même, il faut le dire, l'équipe de La course des tuques a pris des risques et, dans l'ensemble, ceux-ci ont été plutôt payants. Il reste à espérer que ces images encourageront les enfants à lâcher leur iPad et à se lancer du haut des monticules de neige en crazy carpet cet hiver... après une visite au cinéma, bien entendu.