C'est quand même insensé. On a beau se plaindre semaine après semaine, rien n'y change. On continue de nous offrir des œuvres insipides, sans profondeur, tapissées de clichés. Bienvenue à Freedomland.
Mettons cartes sur table. Rien dans ce film ne vaut le déplacement. N'y songez même pas. Vous perdrez temps, argent et bonne humeur, si tel était le cas. Votre intellect risque même de s'évanouir aussi rapidement que votre souvenir de Timothy Dalton habillé en James Bond. Et si vous décidiez de plonger, malgré tous les avertissements du monde, sachez au moins la chose suivante : rien n'est aussi déplaisant que de voir une mauvaise Julianne Moore grimacer et pleurer pendant deux heures avant de quitter sur une réplique aussi profonde que nuancée… « Je vous ai aimé dès l'instant où je vous ai vu. » Jamais rien vu de tel depuis Angelo, Fredo et Roméo.
Puisqu'il le faut… L'inspecteur Lorenzo Council (Samuel L. Jackson, qui n'en est pas à un mauvais choix de rôle près) est chargé de protéger la fragile Brenda (Julianne Moore, maniérée et déplaisante comme jamais auparavant) qui a perdu son enfant de quatre ans dans un vol de voiture. Pour faire avancer l'enquête, Council tentera de faire parler Brenda qui semble en savoir davantage qu'elle ne le laisse paraître. En toile de fond, les luttes raciales d'un quartier au prise avec de lourds combats idéologiques et physiques.
Le scénario vaut ce qu'il vaut. Sans être très original, il n'est pas non plus pathétique. Le problème ne se situe pas à ce niveau, quoique la fin est interminable et le dénouement risible. De la même façon, Samuel L. Jackson s'en sort indemne. Ni brillant, ni mauvais, simplement froid. Le bât blesse plutôt dans les dialogues, d'une insignifiance mortelle. C'est sans équivoque et sans appel lors de l'envolée spirituelle de l'inspecteur Council, qui tentera de ramener Brenda, la brebis égarée, dans son troupeau. Dieu t'aidera, fais-lui confiance! Une hostie avec ça?
Quoiqu'il soit presque devenu cliché de parler des clichés dans le cinéma américain, il est impératif d'en dire ici quelques mots. Mais par où commencer? La communauté noire qui vit dans la pauvreté, les méchants policiers blancs, les combats entre noirs et blancs, le vieil inspecteur à l'âme correctrice, le collègue effacé, mais supporteur, la mère droguée, mais amoureuse de son enfant, le groupe de femmes aidantes, le frère cruel et sans cœur, l'enfant au regard perdu, la morale religieuse, le monde carcéral empoisonné, mais porteur d'espoir. Dois-je vraiment continuer?
Il serait bien vain de tenter de chercher un quelconque point positif. Oh, il y en a sûrement, mais vous comprendrez qu'à leur faible côté, les innombrables défauts prennent l'allure de gigantesques massues, prêtes à écraser toute opposition. Notons tout de même le rythme de l'exercice, inégal, mais haletant par moment, bien appuyé par une musique plutôt convaincante. Pour le reste…
Je m'autocensure. Je m'arrête ici. Vous avez compris. Nul besoin d'en dire davantage.
C'est quand même insensé. On a beau se plaindre semaine après semaine, rien n'y change. On continue de nous offrir des œuvres insipides, sans profondeur, tapissées de clichés. Bienvenue à Freedomland.
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