Quand Hollywood aime un acteur ou une actrice, il a souvent tendance à en abuser, à l'utiliser à toutes les sauces, et c'est parfois une pratique fort efficace, comme c'est présentement le cas avec la jeune Emma Stone, qui, depuis sa prestation mémorable dans Easy A, est sur toutes les lèvres (c'est aussi parfois un fiasco lamentable, comme avec Alex Pettyfer par exemple, mais ça, c'est un autre dossier). La comédienne prouve avec The Help qu'elle n'est pas que drôle, c'est une artiste pleinement accomplie qui peut, sans problème, tenir une production dramatique sur ses frêles épaules. Son personnage est davantage un moteur à l'action qu'une héroïne à proprement parler, mais cette protagoniste se devait d'être interprétée avec rigueur et honnêteté, ce que la jeune femme réussit à faire avec beaucoup de fraicheur. Octavia Spencer et Viola Davis, qui incarnent quant à elles les deux bonnes principales du récit, sont également d'une intégrité saisissante. Entre autres parce que l'histoire était inspirée partiellement de faits vécus, les actrices se devaient d'être pragmatiques dans leur interprétation, de convaincre le public, de le rallier à leur cause, et elles sont parvenues à le faire avec intelligence et sensibilité. Bryce Dallas Howard et Jessica Chastain livrent elles aussi une performance convaincante dans les rôles de deux mesquines bourgeoises hypocrites et vaniteuses.
Le cinéma américain a souvent exploité le sujet du racisme fait aux Noirs dans les années 60, The Help se devait donc d'emmener autre chose, une donnée supplémentaire, pour attirer les spectateurs, déjà conscients des conditions inhumaines qu'ont vécues les domestiques de cette époque. Sans révolutionner la thématique de base, qui bien qu'importante reste assez conventionnelle, le film parvient à atteindre le coeur et les valeurs de son public grâce à un récit rythmé, mais surtout vrai. La franchise, l'honnêteté du récit, est probablement l'une des plus grandes qualités du drame biographique et historique. La trame narrative ne souffre d'aucune longueur - ou presque - (et c'est un triomphe en soi pour une oeuvre de 146 minutes) et est construite avec perspicacité de manière à ce qu'on s'attache aux personnages et à leur cause. Bien sûr, la production n'aurait pas souffert d'un soupçon additionnel d'originalité, d'une plus grande personnalité au sein de la réalisation et d'un humour plus uniforme, mais le film, dans son ensemble, respecte pleinement ses objectifs, c'est-à-dire un essai fidèle et prenant sur l'histoire des femmes noires du Mississippi il y a 50 ans.
« Oser faire ce qui est juste en débit de la faiblesse de votre chair »; cette phrase tirée du film décrit efficacement l'idée, la « morale », principale derrière la production. Même si des oeuvres comme The Help ne révolutionneront jamais le cinéma et sont souvent celles que l'on oublie en premier lorsque passent les années, elles feront toujours partie prenante de la cinématographie américaine vu leurs perspectives historiques et valeureuses. La jeune journaliste blanche qui décide d'abattre les barrières raciales et risque tout pour faire connaître la vérité au monde est exactement le genre d'héroïne dont se nourrit Hollywood. Puisque le film est ici bien réalisé, bien équilibré et, dans l'ensemble, captivant, on accepte les caprices et les dadas d'Hollywood; tant que son discours ne se limite pas à ces histoires émouvantes, mais prévisibles, on approuvera sans broncher ses manies nationalistes.
Sans révolutionner la thématique de base, qui bien qu'importante reste assez conventionnelle, le film parvient à atteindre le coeur et les valeurs de son public grâce à un récit rythmé, mais surtout vrai.
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