Un film qui aborde un sujet presque commun, mais traité avec beaucoup de savoir-faire et d'innovation.
À la mort de sa femme Tassa, le diplomate britannique en poste au Kenya Justin Quayle commence sa propre petite enquête pour éclaircir les circonstances du décès. Il découvrira rapidement plusieurs secrets sur les activités de sa femme, et mettra à jour un important complot impliquant plusieurs haut-placés du gouvernement britannique. Il choisira alors de poursuivre le combat de sa femme, au péril de sa propre vie.
Fernando Meirelles adapte pour le grand écran le roman de John Le Carré, un spécialiste des thrillers d'espionnage. Après l'impressionnant City of God, le réalisateur ne perd rien de sa touche spéciale qui rendait son travail si visuellement intéressant. La direction photo, les couleurs, les plans semblent toujours appropriés même lorsqu'ils sont atypiques, et ajoutent une saveur très spéciale à l'ensemble, en plus d'augmenter son intérêt. Le travail est perceptible, la technique maîtrisée, le résultat donc fort probant.
Les acteurs offrent tous des performances honnêtes, Ralph Fiennes en tête, avec une interprétation qui évite l'excès. Pas de mélodrame lyrique ou de tristesse inconsolable, seulement la simplicité volontaire d'un homme qu'on sait réservé mais lucide. Bien plus crédible que toutes les lamentations habituelles. D'autant qu'une scène particulièrement touchante où Justin parle avec les souvenirs de sa femme décédée suffit pour prouver la profondeur, et la véracité, de sa peine. Rachel Weisz aussi supporte bien Fiennes, bien qu'elle soit plus en retrait.
Le rythme du film est aussi très atypique. Tassa meurt après quelques minutes à peine, c'est l'inéluctabilité de son destin qui lance le film. À partir de là, les flash-backs se succèdent pour définir mieux les personnages et leurs relations. Le film est lent à redémarrer, pourtant jamais inintéressant. Le mystère est assez grand, et assez judicieusement révélé pour que l'intérêt demeure jusqu'à la fin. Une fin sobre comme l'ensemble, mais aussi très belle, qui ajoute tout simplement à la crédibilité du film.
Le scénario démontre malheureusement certaines faiblesses, la plus sérieuse étant ces personnages secondaires qui, en plus d'être unidimensionnels, prennent des décisions et posent des gestes qu'on s'explique mal, pour clore le récit en particulier. Reste que le rythme est parfait, l'intérêt renouvelé et les temps morts limités. Un message politique est régulièrement perceptible, ce qui n'e fait qu'ajouter encore à la pertinence générale de La constance du jardinier.
C'est à la sortie d'un film comme celui-là qu'on peut parler « d'expérience cinématographique ». Le travail chromatique et de cadrage ajoutent aux bases très solides d'un bon scénario et d'un acteur en pleine possession de ses moyens. Le film n'est pas un thriller conventionnel, il pourrait donc déplaire aux puristes du genre. Pourtant, parce que les aspects techniques s'accordent ici avec un récit d'intérêt, le résultat est plus que convaincant.
Un film qui aborde un sujet presque commun, mais traité avec beaucoup de savoir-faire et d'innovation.
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