La série The Conjuring a toujours été un gage de qualité auprès des admirateurs d'épouvante. C'était avant la sortie de The Devil Made Me Do It.
Créateur des franchises Saw et Insidious, James Wan avait réalisé en 2013 The Conjuring, une terrifiante oeuvre de maison hantée. Un succès surprise et foudroyant qui allait entraîner une suite tout aussi réussie... ainsi qu'un univers élargi qui n'a jamais séduit. Face aux déboires d'Annabelle, The Nun et The Curse of La Llorona, un retour aux sources s'avérait plus que nécessaire. Dommage que le cinéaste et les deux principaux scénaristes se soient éclipsés pour l'occasion...
Au moins, nos deux enquêteurs paranormaux préférés (Vera Farmiga et Patrick Wilson) sont de retour, travaillant sur une nouvelle histoire - vraie - de possession. Celle d'un jeune homme qui a commis un meurtre effroyable dicté par le diable. Évidemment, il faut des preuves pour étayer cette théorie, ce qui ne devrait pas donner trop de mal à ce duo qui a le don de mettre son nez là où il ne faut pas...
Encore une fois, les deux acteurs sont impeccables. Limité physiquement, Patrick Wilson en fait moins que plus, ce qui est toujours une bonne nouvelle dans son cas. Il laisse toute la place à Vera Farmiga, éternelle bougie d'allumage de l'entreprise. Ensemble, ils arrivent à donner un semblant d'âme à des personnages qui n'évoluent malheureusement plus, étant toutefois mieux développés que tous les pantins qui les entourent.
Écrit par David Leslie Johnson-McGoldrick à qui l'on doit les douteux Aquaman, Wrath of the Titans, Red Riding Hood et Orphan, l'intrigue piétine dans les conventions et les lieux communs, multipliant les ellipses involontairement hilarantes et les quêtes secondaires laissées en place. Cette fois, la réflexion sur la foi, la famille, la croyance, le couple et la maladie mentale demeure extrêmement limitée, toujours au ras des pâquerettes, jusqu'à une conclusion effarante d'un sentimentalisme nauséabond.
Presque tout ce qui arrive se vautre dans le grotesque. La subtilité des premiers tomes a laissé sa place à un ton empreint de grandiloquence. Le rire est là, il cogne à la porte... mais il n'est jamais vraiment invité à rentrer à la maison. Au contraire, on lui préfère un sérieux de circonstance presque solennel qui cadre mal avec tout ce qui se déroule à l'écran.
Après l'éblouissante mise en scène de The Conjuring 2, celle de The Devil Made Me Do It paraît bien fade et terne, décevant par ses effets tape-à-l'oeil, son utilisation primaire du montage et de la musique. Ce qui compte n'est plus tant de développer l'ambiance ou l'atmosphère, mais de miser sur le maximum de sursauts gratuits. Le réalisateur Michael Chaves (qui avait offert The Curse of La Llorona, certainement le pire épisode de la série) n'est pas très à l'aise avec l'horreur, oubliant même de faire peur. On est loin ici du travail d'orfèvre de véritables artistes du genre tel Ari Aster, Robert Eggers, Jordan Peele et Jennifer Kent.
Ironiquement, en faisant abstraction de l'histoire, des dialogues, des personnages et de tous ces moments où il ne se passe rien dans le noir, et en se concentrant uniquement sur les séquences chocs, quelque chose semble se passer. Rien de majeur ou d'innovant, si ce n'est un plan ou deux époustouflants. C'est le cas du bain ensanglanté dans l'introduction, de la première possession démoniaque de la « victime » adulte, de la raison pour laquelle il ne se vend pratiquement plus de lit d'eau, etc. Des moments furtifs de tension dans un monde dénaturé de son essence première : celle de créer une frousse véritable.
Au lieu de ça, The Conjuring: The Devil Made Me Do It s'essouffle rapidement et sent la recette à plein nez, le pilote automatique fait pour engendrer une quantité incroyable de suites. Et il y en aura plusieurs. Tout et n'importe quoi pourraient d'ailleurs être sujets à un nouveau film qui arrive rarement à la cheville d'un vieil épisode des X-Files. En attendant, mieux vaut effacer The Conjuring du titre afin de ne pas porter atteinte à la réputation des deux premiers volets. Est-ce un hasard si le chiffre 3 n'y figure pas? Sûrement pas.