Quel toupet incroyable de réaliser une nouvelle adaptation cinématographique du roman de Béatrix Beck (publié en 1952), après la transposition colossale de Léon Morin, prêtre en 1961. Comment peut-on espérer faire mieux que la version magistrale du maître Jean-Mierre Melville, qui bénéficiait d'une photographie extraordinaire d'Henri Decaë et des prestations mémorables de Jean-Paul Belmondo et d'Emmanuelle Riva? Surtout que le sujet controversé - le conflit entre spiritualité et érotisme - trouvait un écho certain lors de sa sortie.
Il ne faut toutefois pas que le présent soit tributaire du passé. On fera donc abstraction de tout ce qui l'a précédé (dont le pénible remake en forme de téléfilm de 1991) pour se concentrer uniquement sur La confession. Ce serait d'ailleurs injuste d'agir autrement. Surtout que ce long métrage n'est pas dénué d'intérêt.
Tout débute par le long souvenir d'une vieille femme - un peu à la façon de Titanic - qui se rappelle son existence pendant l'occupation allemande. Le mari emprisonné, la fillette en pension, Barny (Marine Vacth) travaille à la poste, filtrant les lettres de dénonciations (l'ombre de l'illustre Corbeau d'Henri-Georges Clouzot n'est jamais bien loin) tout en cachant des Juifs chez elle. Communiste et athée, la jeune femme s'en prend au charismatique nouveau prêtre (Romain Duris), dont le verbe aiguisé arrive à l'ébranler dans ses convictions.
On se retrouve donc devant un jeu de séduction, une joute oratoire entre deux pôles qui ne manquent pas d'arguments pour triompher de leur adversaire. Si le combat de rhétorique ne surprend guère, il est plutôt bien amené par des dialogues forts, quoiqu'un brin simpliste. La découverte de l'Amour vient brouiller les cartes parmi les êtres, amenant avec elle une certaine beauté du geste, faisant imploser cette éternelle crise de foi.
Tout cela est perceptible sur le visage évocateur de Marine Vacth, qui n'a pas besoin de parler pour véhiculer l'émotion. C'est d'ailleurs lorsqu'elle le fait que la muse de François Ozon perd des points. Devant elle se dresse un Romain Duris enjôleur, pas toujours juste, mais d'une belle vivacité d'esprit. Le duo fait des flammèches, faisant oublier de seconds rôles mal développés.
Délaissant enfin ses très ordinaires oeuvres d'action (Made in France, Gardiens de l'ombre, etc.) pour un drame beaucoup plus humain, le cinéaste Nicolas Boukhrief embrasse avec sa nouvelle création une sobriété qui lui va comme un gant. Sa mise en scène de nature classique est à la fois élégante et ferme, dosant habilement la lumière afin de créer un surplus d'ombres salvatrices.
Mélo issu d'une autre époque, La confession finit tout de même par parler du monde d'aujourd'hui, de cette errance des âmes prisonnières de l'obscurantisme environnant. Solide sans être à tout casser, le film se suit avec intérêt... et la dévotion des mots ne peut qu'enchanter lorsqu'elle passe.