La mythologie grecque, les dieux et les mortels, les batailles pandémoniaques et les valeurs de conquérants; si Hollywood décidait qu'il en avait assez de ces thématiques recyclées qu'on peut - semble-t-il - manipuler à sa guise (les dieux sont immortels, mais on peut aisément les faire mourir si ceci peut enrichir la tension dramatique), les cinéphiles n'en seraient que plus aises. Il est vrai que ces légendes complexes et variées font de bonnes assises à un film d'action et d'aventures, mais à force de les exploiter sans relâche - plus souvent maladroitement qu'autrement - on finit par les rendre anodines, voire insignifiantes.
Les cinéphiles se désintéressent très rapidement de l'odyssée du demi-dieu Persée, sachant que les bons vaincront les méchants et que l'équilibre sera à nouveau rétabli dans le monde grâce au courage d'un père et d'un homme de droiture. Un homme que les scénaristes considèrent qu'on a suffisamment connu dans le premier opus puisqu'ils ne s'évertuent guère à construire un rappel des évènements précédents, nous plongeant directement dans l'action. S'éterniser n'est pas recommandé lorsqu'on doit raconter une histoire composite en une heure trente, mais une introduction mieux définie aurait peut-être permis au récit de bénéficier d'une structure plus solide.
Les effets spéciaux viennent définitivement sauver la face à ce long métrage d'une pauvreté narrative accablante. Alors que le premier chapitre - Clash of the Titans, paru en 2010 - souffrait d'un manque sévère de rigueur dans la création de ces personnages chimériques et des environnements surnaturels dans lesquels ils évoluaient, le second volet frôle la perfection au niveau visuel. Que ce soit le cheval Pégase, les cyclopes géants, le labyrinthe infranchissable - qu'ils traversent complètement en 4 minutes -, le Dieu Kronos fait de cendres des enfers et les chimères à deux têtes, le résultat à l'écran est impressionnant. Certains des pires moments du film précédent étaient ceux où l'on transportait le spectateur au royaume des Dieux dans un Olympe d'une brillance inconséquente et d'une translucidité déconcertante. Heureusement, Wrath of the Titans nous épargne cet endroit obsolète et nous montre plutôt le royaume des enfers, lugubre et effrayant. En fait, le film serait tout aussi intéressant - sinon plus; à certains endroits, les dialogues sont assommants - sans le son.
Une caméra nerveuse dans les situations de combats donne à l'oeuvre un rythme louable qui, malheureusement, s'effrite rapidement suite à trop d'aberrations scénaristiques. Le réalisateur a bien tenté quelques points de vue différents - notamment à travers l'oeil d'un cyclope - mais, probablement en ne voulant pas abuser de la technique, on l'a sous-utilisée. Elle aurait pourtant été une excuse payante pour la 3D qui encore ici, comme souvent, est d'un certain intérêt en début de film, mais devient rapidement superflue.
Wrath of the Titans semble s'être attardé uniquement à l'aspect technique de l'oeuvre sans se préoccuper de l'intelligence du récit. L'histoire manque définitivement d'éclat, d'originalité, la quête de Persée s'avère rapidement inintéressante pour le spectateur et même le personnage semble incertain de l'importance de sa mission. Et si lui-même est dubitatif face à ses capacités et son destin, il est absurde de demander au spectateur de s'investir dans ses aventures.