Rythme effréné, lutte à finir, némésis, guerre médiatique... on dirait un film d'action? C'est plutôt The Campaign, une comédie vraiment moyenne, dans le plus pur sens du terme; dans le sens d'aussi bonne que mauvaise, dans le sens où les qualités égalent les défauts. Satire politique inspirée et précise réalisée avec efficacité (à défaut d'innovation) par Jay Roach, un réalisateur comique expérimenté qui sait parfaitement ce qu'il fait, le film est pourtant inégal, pas assez drôle mais tellement bien rodé et livré. Étrange phénomène.
Le rythme du film est certainement l'une de ses grandes qualités : aucun temps mort, on est immédiatement dans l'action (film d'action?) et on cerne rapidement et efficacement les personnages. Deux imbéciles heureux, engagés dans une bagarre de tous les instants pour la faveur populaire, une lutte où tous les coups (mais surtout les coups bas) sont permis. Jusqu'où peut-on aller pour gagner? C'est un peu la question à laquelle tente de répondre ce film... et la réponse va assez loin. C'est amusant, mais pas très étonnant, dans la mesure où on a maintenant l'habitude des folies vulgaires de Will Ferrell.
D'ailleurs l'humour, assez intelligent malgré les apparences, est très présent. Pourtant, on rit assez peu au cours des 85 minutes que dure le film. C'est comme si on comprenait la blague, qu'elle était bien écrite et logique et bien trouvée, mais qu'on ne ressentait pas le besoin de rire. On constate que c'est drôle, mais on n'éclate pas nécessairement. Peut-être parce que les bandes-annonces avaient tout dévoilé; pas nécessairement toutes les blagues, mais quand on reconnaît la situation, on devine aisément où ça nous mène.
C'est dommage, parce que le potentiel comique d'un tel film, qui arrive dans la foulée d'une élection présidentielle américaine (et même d'une campagne québécoise, pourquoi pas), est proportionnel à la véracité de ses observations, et The Campaign est particulièrement réussi à ce niveau. En détournant à peu près tous les clichés de la campagne électorale (dont le fameux bébé), le film trouve un filon humoristique particulièrement fort qui offre de nombreuses possibilités. Pourtant - encore une fois -, on ne rit pas autant que l'on devrait.
Ferrell et Galifianakis n'ont rien à se reprocher, ils sont, comme l'ensemble du film, efficaces, professionnels et dédiés. Leur travail est minutieux et crédible. Encore plus difficile dans ce cas de comprendre pourquoi on ne passe pas une heure et demie à rire sans arrêt. Mais force est de constater que ce n'est pas le cas. À la sortie de The Campaign, on a vu un film réalisé et joué par des professionnels, mais on n'a définitivement pas assez ri.