Il y a une aura inexplicable qui entoure les films d'horreur; chaque année, ils sont nombreux à prendre l'affiche sur les écrans afin de rejoindre un public friand de frousses et de sursauts. Un public qui demeure fidèle même si la recette est éculée, répétée inlassablement dans diverses dispositions plus ou moins semblables ou crédibles. Disons que la quantité importe plus que la qualité, dans ce domaine. Il y a quinze ans, Scream avait bouleversé la dynamique en proposant une relecture postmoderne du film d'horreur, sorte d'exercice de style méta-cinématographique qui manipulait les codes du genre. Depuis, retour au statu quo. Cabin in the Woods se propose de faire la même chose, mais différemment (?).
Confus? Pourtant, c'est simple : une mise en situation convenue (des jeunes adultes, beaux et sexués, s'en vont dans une cabane dans les bois pour la fin de semaine); une menace habituelle (choisissez : zombies, fantômes, loups-garous, extra-terrestres, etc.); mais tout ne se passe pas comme prévu. C'est-à-dire que ça se passe comme prévu, mais pas « comme » prévu. Euh... bon, je suppose que ça n'explique pas grand-chose. C'est qu'en parallèle, deux hommes « moyens » (drôles et sympathiques), rentrent au travail. Et c'est eux qui doivent s'assurer que tout se passe... comme prévu. (Notons ici le grand talent des deux comédiens, Richard Jenkins et Bradley Whitford, qui sont vraiment hilarants.) Mais bon, évidemment, ça ne se passe pas comme « prévu »...
Film conceptuel, The Cabin in the Woods veut déstabiliser à chaque détour; il n'y parvient pas. Oui, on s'étonne, et oui, le retournement est efficace, bien trouvé, très drôle aussi... Mais c'est plutôt « généralement » étonnant que « spécifiquement » étonnant. Une grande partie du film est consacrée à mettre en place un dénouement incroyablement jouissif et sanglant qui est un vrai plaisir... mais pour s'y rendre, beaucoup de passages obligés qui ne sont pas si révolutionnaires que ça.
Théoriquement, ce sont vraiment toutes de bonnes idées. Reprendre une formule classique pour la tordre, la plier, la manipuler dans tous les sens est un moyen fascinant d'être créatif, de divertir et de faire avancer l'art (cinématographique). Mais c'est dans l'exécution - comme c'est souvent le cas - que l'on reconnaît les vraies réussites; d'abord parce que cet exercice de style n'est pas exactement une manipulation des codes liés au genre tant qu'un retournement, ironique et très geek, sur une histoire que l'on connaît trop bien. Une variation sur un même thème pour les mordus du genre, en quelque sorte.
Si les actions ne se déroulaient pas dans un concept plus global de mise en abîme, Cabin in the Woods ressemblerait à bien d'autres films d'horreur. Mais le long métrage est vraiment imprévisible, ce qui le rend bien plus engageant que le sont les autres films d'horreur génériques. Cela rend son expérience bien plus enrichissante et amusante que ces films tous pareils où les personnages se comportent comme de vrais imbéciles sans même s'en rendre compte... Voilà déjà une belle réussite.