En combinant comédie populaire et drame social, La brigade ose le divertissement sur un important problème contemporain. Un pari risqué qui s'avère à demi relevé.
Ce n'est pas la première fois que le cinéaste Louis-Julien Petit agit ainsi. Il applique la même recette que sur son précédent long métrage, Les invisibles, qui sortait de l'ombre des personnes en situation d'itinérance. Cette fois-ci, il tente de faire rire en confrontant une chef (Audrey Lamy) qui rêve de diriger son propre restaurant et qui se retrouve cantinière dans un centre pour jeunes migrants.
Écrit à huit mains, le film peine à trouver son identité. Surtout lors des moments plus humoristiques qui font rarement sourire. Les situations éculées versent régulièrement dans la facilité, suivant une tangente particulièrement prévisible. Jusqu'à un troisième acte en forme de conte de fées, accompagné d'une critique un peu trop lisse de la téléréalité.
La présence d'Audrey Lamy rachète heureusement ces faux pas. La comédienne que l'on voit beaucoup ces temps-ci sur grand écran (Le trésor du petit Nicolas, Rebelles, Les invisibles) nage comme un poisson dans l'eau avec ce rôle écrit spécialement pour elle, rouspétant et gesticulant à qui mieux mieux. Armée de ses fausses conceptions, elle devra apprendre à créer des liens avec des gens issus d'un autre milieu. Cette idée est loin d'être inédite - le peu mémorable La fine fleur est récemment passé par là - et elle fonctionne malgré tout, parce que la chimie opère entre la vedette et les jeunes acteurs non professionnels.
En directeur de centre, l'expérimenté François Cluzet est là pour ramener l'héroïne à bon port et lui vulgariser les enjeux sociaux, devenant littéralement l'âme du projet. C'est lui qui rappelle la nécessité de s'intéresser aux personnes migrantes et de les intégrer dans la vie de tous les jours. Il le fait sans trop prêcher dans le désert. Dommage que le script n'hésite pas à surligner un peu inutilement l'émotion, à la fois par la répétition, la musique ou des ralentis. Ce qui est inspirant devient rapidement kitch et ce qui est émouvant ne tarde pas à prendre une teinte mièvre.
S'il soigne ses plans de caméra en y insufflant un sentiment de mélancolie et de solitude, Louis-Julien Petit n'arrive pas à élever sa création par ses qualités artistiques. On le sent parfois lorgner le style développé par Eric Toledano et Olivier Nakache - Intouchables, Hors normes, Samba - sans l'efficacité inhérente au duo.
La brigade ne manque pas de coeur. On peut même applaudir sa décision d'aborder un sujet sérieux par le biais de la légèreté au lieu d'être dans la simple émulation du cinéma de Ken Loach et des frères Dardenne. Si seulement son traitement, dichotomique et simpliste, ne laissait pas autant à désirer. Parce que c'est tout l'impact du film qui est ainsi atténué : les thématiques essentielles devenant souvent le prétexte à une rigolade des plus oubliables.