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Révolution ménagère
Les premières images donnent le la. « La bonne épouse » sera un film léger et suranné, un film que les spectateurs qui ont connu cette époque devraient percevoir comme une Madeleine de Proust. On plonge littéralement dans la France de la fin des années 60, à l’aube des révolutions étudiantes de mai 68 et de la vague féministe qui va avec. Au vu de l’actualité où un vent de contestation souffle pour le respect de la condition féminine, cette œuvre tombe bien et sonne comme une piqure de rappel qui nous montre que leurs droits et leur combat pour l’égalité ne date non seulement pas d’hier mais qu’il est toujours nécessaire. Il y a donc une toile de fond sociale et politique non négligeable et bienvenue. La présentation de cette école pour former la ménagère parfaite est bien amenée mais son fonctionnement nous semble tellement dépassé que ça en est comique. Pourtant ces pratiques et valeurs devenues archaïques et désuètes ont bel et bien existé. Et ce qui est drôle à l’écran ne l’était pas forcément à l’époque. En tout cas, la reconstitution de l’époque est tout à fait remarquable et chaque détail compte ce qui favorise une immersion totale dans ce long-métrage parfaitement rétro.
Et surtout, Martin Provost, qui s’essaye ici à un film plus léger que ses précédents tels que « Violette » ou « Séraphine », s’adjoint les services d’un trio parfait et très en forme qui fait rimer casting avec génie. Juliette Binoche, Yolande Moreau et Noémie Lvovsky sont impeccables et déchaînées en femmes au foyer en voie d’émancipation. Elles sont pour beaucoup dans la réussite de « La bonne épouse ». On rit beaucoup des situations crées pour l’occasion et de ces femmes enfermées dans des carcans trop étroits pour elles. C’est souvent hilarant et la plupart du temps bien vu. Les dialogues sont excellents et les séquences cocasses s’enchaînent à bon rythme pour notre plus grand plaisir. De plus, la réalisation de Provost, loin d’être poussiéreuse ou figée au vu du contexte, est d’une modernité incontestable. Les plans sont travaillés et la caméra est survoltée pour suivre au plus près les affres de cette école, de ses pensionnaires et de ses professeurs.
Il y a néanmoins des longueurs et des passages non essentiels qui ralentissent un peu le film en cours de route après un démarrage en trombe où scènes iconoclastes, arrivée de personnages truculents et bons mots s’enchaînent à un rythme effréné. Ce coup de mou en milieu de film se ressent mais le film revient assez vite sur les rails du dynamisme. On peut aussi trouver tout cela un peu kitsch et un tantinet caricatural mais c’est voulu. Le scénario fait le choix de s’intéresser à raison à quelques-unes des élèves et chaque personnage est traité de manière équitable. Un vent de liberté souffle sur « La bonne épouse » qui marie donc l’humour avec un côté engagé et au goût du jour. La douce folie de cette œuvre se poursuit jusqu’à son final inattendu en forme de comédie musicale un peu folle et revendicative. C’est frais, pétillant comme une bulle de champagne, délicieusement espiègle et on passe un véritable moment de plaisir avec ce film féministe et vintage où l’on rigole beaucoup.
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