********* Le film La bonne épouse est disponible dès le vendredi 21 août dans les salles du Québec. *********
Il n'y avait pas un meilleur moment pour faire paraître un film sur l'émancipation de la femme qu'après cette nouvelle vague de dénonciations qui a ébranlé le monde artistique québécois récemment. On grince invariablement des dents à la vue de cette école de ménagère qui enseigne aux jeunes femmes comment plaire à leur mari : en récurant le plancher, en lui cuisinant de bons petits plats puis en se pliant sans broncher au devoir conjugal. Bien sûr, tout ça est dépeint avec un humour cabotin qui nous permet d'apprécier le voyage sans trop de ressentiments.
Le film dépeint l'histoire de Paulette, une femme respectable qui tient une école de ménagère renommée. Quand son mari décède, elle doit gérer elle-même l'institution et constate avec horreur qu'elle est étouffée par les dettes. Avec sa belle-soeur et son amie religieuse, elle tentera de redresser le navire et d'empêcher le naufrage de son entreprise bien aimée.
Même si les personnages sont caricaturaux, on finit par s'y attacher. Le trio féminin central est impayable. Juliette Binoche épate dans le rôle d'une veuve coincée, mais déterminée, Yolande Moreau est touchante dans celui d'une vieille fille qui rêve encore du grand amour et Noémie Lvovsky nous déride sous les traits d'une religieuse sévère aux valeurs malléables. Leur interprétation décalée et éclatante permet au film de trouver rapidement sa voix. On aurait quand même espéré que les comédiennes évitent le slapstick et s'en tiennent à la folie purgative du départ.
Martin Provost livre une réalisation colorée et dynamique qui nous plonge dans les rigides années 60 avec un sarcasme bienvenu. Le réalisateur a choisi de terminer son film sur une note joyeuse et, disons-le, inusitée, alors que professeurs et élèves dansent et chantent en direction d'une manifestation féministe. Cette coupure de ton nous laisse sur une note d'espoir et l'on sort de la salle, sourire aux lèvres.
Si les préceptes véhiculés dans La bonne épouse nous irritent d'abord, le changement de cap des protagonistes finit par nous réconforter. Le film de Martin Provost dépeint avec légèreté une réalité - heureusement dépassée - qui ébranle nos convictions modernes. La comédie française n'est pas parfaite, mais elle réussit à engendrer un début de réflexion tout en nous divertissant, ce qui est loin d'être négligeable.