Comme Cinderella avait été un succès autant critique que populaire (83 % sur Rotten Tomatoes et des recettes de 543 millions $ au box-office nord-américain) lors de sa sortie à la mi-mars 2015, les attentes des fans étaient particulièrement élevées envers Disney et son remaniement en prises de vue réelles du classique La Belle et la Bête.
Dans le cas d'une oeuvre phare comme celle-ci (on parle du film d'animation et non pas du conte type originel), les risques sont grands; il ne faut pas faire de pastiche beige ni dénaturer la production avec de nouveaux segments ou des valeurs trop divergentes. En ce sens, le studio Disney a réussi sa mission. Il est parvenu à conserver l'esprit original en apportant certaines précisions et modérations à l'histoire du film de 1991. La nouvelle mouture révèle entre autres ce qui est advenu de la mère de Belle (laissée complètement en plan dans le long métrage précédent) et apporte certaines nuances et explications supplémentaires quant à l'égoïsme et l'avarice de La Bête.
Trois nouvelles chansons ont été ajoutées à la trame sonore du nouveau Beauty and the Beast. On salue l'effort, mais on ne peut que constater leur inutilité au sein du récit. On retrouve heureusement toutes ces pièces mémorables que les amateurs de Disney connaissent par coeur, dont « Gaston », « Belle », « C'est la fête » et « Je ne savais pas ». Par contre, il faut mentionner que, dans la version française, les paroles des chansons ont été modifiées, probablement pour que les mots collent davantage aux mouvements des bouches des acteurs (ce qui n'était pas un problème dans la version animée). Un détail qui risque certainement d'agacer les fidèles de la première heure.
La décision de mettre de l'avant une actrice engagée, féministe et inspirante comme Emma Watson était certainement une prise de position de la part de Disney, qui veut transformer l'image superficielle de ses princesses. Malheureusement, même si l'idée était louable, la comédienne ne possède pas l'ingénuité et le petit je-ne-sais-quoi qui faisait de Belle à la fois la fille la plus populaire auprès des garçons, mais aussi la plus crainte des villageois pour son étrangeté et son intellect. La nouvelle Belle n'a peur de rien, comme elle le dit si bien dans le film, mais n'est pas aussi attachante et convaincante que l'était son homonyme animé, moins culotté.
Si Belle n'est pas à la hauteur des attentes, Gaston les dépasse amplement. Luke Evans est incroyable dans le rôle du bellâtre du village. Détestable, condescendant, borné et égoïste, Gaston est l'antagoniste parfait et le principal pourvoyeur de l'aspect comique de l'oeuvre. Précisons quand même que Josh Gad dans le rôle de LeFou fait aussi un travail exceptionnel pour dérider l'auditoire. Mentionnons que les personnages animés - Lumière, Big Ben, Mme Samovar, Zip, etc. - sont excessivement bien faits. Leur caractère à la fois gauche et emphatique nous fait les aimer instantanément.
Malgré quelques écueils, Beauty and the Beast version 2017 s'illustre par son ouverture d'esprit (il met en scène le premier personnage LGBTQ de l'univers de Disney et a changé la couleur de la peau de certains de ses personnages) et la splendeur de ses décors et effets visuels, entre réalisme et fantaisie. Pas aussi réussi que Cinderella, Beauty and the Beast nous envoûte tout de même d'une magie dont seul Disney a la recette.