La belle époque est une réussite pour plusieurs raisons. La première : son concept génial. Le film raconte l'histoire d'un homme qui reçoit un cadeau bien spécial de son fils : il aura la chance de revivre n'importe quel moment de l'histoire grâce à un jeu de rôle construit avec des décors réalistes et animé par des comédiens-improvisateurs. Victor, un sexagénaire désabusé, décidera de revivre sa rencontre mémorable avec Marianne, la femme de sa vie. Le public assiste à la fois à ce qui se joue sous les projecteurs et à ce qui se produit dans les coulisses. Le film, qui nous rappelle vaguement Le Truman Show, oppose le romantisme des années 70 à la sévérité du 21e siècle.
Empreint de nostalgie et d'espoir, le long métrage de Nicolas Bedos se démarque également par la qualité de ses textes, qui comptent plusieurs répliques caustiques savoureuses et situations cocasses bien menées. Le réalisateur dépeint l'amour avec une fragilité transcendante. Il propose une mise en scène dynamique et inventive qui capte rapidement notre attention. On se doit quand même de mentionner la complexité de la trame. Bedos trimbale les cinéphiles à travers plusieurs univers, mélangeant allègrement le vrai et le faux, pour un résultat étonnant, mais aussi souvent enchevêtré.
L'interprétation sans faux pas de Daniel Auteuil est aussi responsable de l'efficacité de la proposition. Malgré son côté bourru et désillusionné, on s'attache au personnage de Victor. Ce dernier rêve de reconquérir sa femme, qui l'a récemment quitté en lui reprochant son mépris généralisé. Fanny Ardant incarne cette dame élégante qui aspire à une vie plus excitante. L'actrice livre une performance remarquable, plus grande que nature. Les rôles secondaires ne sont pas non plus à négliger. Le travail de Guillaume Canet, Doria Tillier et Pierre Arditi est digne de mention.
Malgré quelques longueurs en fin de parcours, on retient surtout l'authenticité des sentiments et l'originalité du concept. Même s'il n'est pas aussi mémorable que Midnight in Paris de Woody Allen, on ne peut nier les parentés entre les deux. On garde d'ailleurs de La belle époque la même émotion que nous avait laissé Midnight in Paris : une douce sérénité qui vient tendrement border nos âmes désabusées.