C'est la quatrième fois qu'on adapte pour le grand écran le livre de Jack Finney The Body Snatchers. Afin, peut-être, de mettre un peu de piquant dans l'aventure, on a confié la réalisation à Oliver Hirschbiegel, responsable des drames allemands La chute et L'expérience, pour une première expérience hollywoodienne. Mais la rumeur veut que les frères Wachowski et le producteur Joel Silver aient décidé, après deux ans d'hésitation, de retourner des scènes d'action pour compléter le film. Le résultat est désolant; bourré d'incohérences et de raccourcis franchement abrutissants. L'invasion est pénible à regarder et peu inspiré.
Après l'écrasement d'une navette spatiale, une pandémie de grippe afflige de nombreux humains. Ceux-ci ne démontrent pas d'émotion, et leurs proches ne les reconnaissent plus. Pour la psychologue Carol Bennett, rien d'inquiétant, jusqu'à ce que son fils entre aussi en contact avec la mystérieuse substance. Lorsqu'elle découvre enfin ce qui se passe, elle se lance à la recherche de son fils tout en tentant de quitter la ville.
L'invasion fait l'inventaire de ce qu'il faut en cas d'épidémie à grande échelle : de bons amis haut-placés qui n'hésiteront pas à vous aider, une connaissance avancée de la microbiologie, un fils immunisé et beaucoup, beaucoup de chance. Ou alors c'est qu'à Washington, les réseaux téléphoniques fonctionnent toujours bien, et que les sacs gonflables des voitures sont ultra-confortables. D'autant que le film est basé sur une grave entorse à la morale récurrent au cinéma : on n'hésite pas à tuer six figurants pour sauver son fils.
La finale bâclée ne fait qu'ajouter l'insulte à l'injure; justement, l'hélicoptère passait par là, et par chance, personne ne se souvient de rien. N'importe quoi, vraiment. Il faut voir aussi les examens de tissus au microscope; digne d'Imax 3D.
Même la distribution de grand talent (Nicole Kidman donne un peu de crédibilité à cette super-maman) n'arrive pas à convaincre entièrement; Daniel Craig ne semble jamais très passionné et les acteurs semblent sur le point d'éclater de rire devant le lot d'inepties qu'on leut fait débiter. Il faut dire que le montage épileptique n'aide pas; le truc est usé et le climat de tension n'est presque jamais présent. Le gros possible n'est pas suffisant ici tellement la relation mère-fils est maladroite appuyée, tellement l'émotion est forcée.
Quand même, les quelques clins-d'oeil sociaux sont dignes d'intérêt et renchérissent l'aspect moral du film. La question n'est pas mauvaise, mais elle est mal posée par un ambassadeur russe qui manque, lui aussi, de délicatesse.
L'invasion n'arrive pas à poser les questions philosophiques et sociales qui ont fait les belles années de la littérature d'anticipation; les Huxley, Wells et Finney n'y ont pas l'écho voulu. On a remplacé tout ça par quelques bien belles explosions, les sous-vêtements de Kidman et une promesse impossible à tenir sans un minimum de rigueur : faire voir au-delà des apparences. Raté.
C'est la quatrième fois qu'on adapte pour le grand écran le livre de Jack Finney The Body Snatchers. Afin, peut-être, de mettre un peu de piquant dans l'aventure, on a confié la réalisation à Oliver Hirschbiegel, responsable des drames allemands La chute et L'expérience, pour une première expérience hollywoodienne. Mais la rumeur veut que les frères Wachowski et le producteur Joel Silver aient décidé, après deux ans d'hésitation, de retourner des scènes d'action pour compléter le film. Le résultat est désolant; bourré d'incohérences et de raccourcis franchement abrutissants. L'invasion est pénible à regarder et peu inspiré.