Il n'y a rien de sacré pour David Gordon Green. Après avoir détruit Halloween, il massacre maintenant The Exorcist.
Sorti il y a 50 ans, The Exorcist est un des films d'horreur les plus emblématiques du septième art. Cette adaptation culte du roman de William Peter Blatty a fait frissonner plusieurs générations de cinéphiles tout en popularisant les longs métrages de possession. Un genre qui n'a jamais été aussi populaire qu'en 2023, comme en fait foi la sortie de The Pope's Exorcist, Insidious: The Red Door et The Nun II. Dans le lot, seul le rafraîchissant Talk to Me arrivait à apporter un peu d'eau fraîche à ce moulin qui s'abreuve toujours à la même source pétrie de clichés.
Les dérivés au long métrage culte de William Friedkin n'ont pas tardé à voir le jour et aucun ne fut réellement satisfaisant malgré les efforts dignes de mention de John Boorman et de Paul Schrader. C'est là que prend l'affiche Believer, une pâle copie/suite qui multiplie les clins d'oeil à l'original. L'introduction débute dans un autre pays que les États-Unis, le héros prend son temps pour s'amuser avec sa fille afin de rappeler qu'ils sont en bon terme, la mention « help me » apparaît sur le corps d'une fillette possédée, etc.
Le résultat final n'a pourtant rien en commun avec son légendaire modèle. David Gordon Green et ses deux scénaristes reprennent plutôt les thèmes qu'ils ont abordés sur leur précédente trilogie d'Halloween. Il est question de la résilience des survivants (le héros n'a jamais fait le deuil de son amoureuse décédée à la naissance de sa fille) et du rôle de la communauté lors d'événements traumatiques. La possession est ici double, affectant deux adolescentes issues de milieux différents, et ayant des répercussions sur un homme qui ne croit pas et une famille extrêmement religieuse. Cela amène de nombreux poncifs lourds et moralisateurs sur la foi et le pouvoir guérisseur des religions.
Malheureusement, rien ne fonctionne dans ce qui apparaît à l'écran. Après une entrée en matière prometteuse, le scénario tourne en rond et finit par ennuyer. Les aspects psychologiques sont développés de façon simplistes et rudimentaires. Pire encore, le film ne fait jamais peur et il s'appuie sur des sursauts gratuits (un chien qui aboie, un serpent sous une roche, un individu qui surgit à l'improviste). Un dilemme moral renvoie à Saw, tandis que la ridicule séance d'exorcisme semble provenir d'Insidious.
Cela n'aide pas qu'aucun personnage ne soit intéressant. Les deux adolescentes contrôlées par le diable - Lidya Jewett et Olivia Marcum - sont complètement terrifiées, sauf qu'elles en mettent beaucoup trop. On est loin du jeu subtil de Linda Blair. Puis il y a les adultes qui ne semblent jamais concernés par tout ce qui arrive. Impossible de s'attacher à eux, car ils n'existent pas en chair et en os. Le grand retour d'Ellen Burstyn, l'héroïne du classique de 1973, sent la gimmick à plein nez. Non seulement son rôle est limité, mais son utilisation est tout sauf respectueuse du passé.
Si au moins la mise en scène était digne d'intérêt. Au contraire, David Gordon Green offre le minimum requis, ne soignant jamais son ambiance, son atmosphère. Sa réalisation est compétente mais complètement anonyme, à mille lieux de celle de William Friedkin qui fascinait dans sa façon d'utiliser la pénombre, de créer des images fortes et inoubliables. Il n'y en a aucune au menu et la surenchère d'effets spéciaux tapageurs finissent par noyer le poisson.
Risible et grotesque, The Exorcist: Believer est une déception sur toute la ligne. Et dire que deux autres épisodes sont en chantier! Même si la précédente trilogie d'Halloween n'était pas à la hauteur, le premier tome demeurait tout de même satisfaisant. Là, la sauce est gâchée dès le départ et il faudra plus qu'une prière, de l'espoir ou de recouvrer la foi pour croire que cela puisse s'améliorer.