Depuis l'immense succès the The Exorcist il y a quatre décennies cette année, le film d'exorcisme est devenu un genre cinématographique en soi. Sauf que mis à part quelques rares exceptions (comme le Requiem de Hans-Christian Schmid), toutes les créations ne font que copier le classique de William Friedkin. Ce fut le cas du misérable Prey for the Devil qui a pris l'affiche à l'Halloween dernier et l'histoire se répète avec le tout aussi navrant The Pope's Exorcist.
Inspiré des mémoires du Père Gabriele Amorth, le long métrage suit les tentatives d'un prêtre (Russell Crowe) pour secourir l'âme d'un enfant contrôlée par le diable. Quiconque a déjà vu une oeuvre sur le sujet sera en terrain connu tant le récit recycle le moindre cliché, de la grosse voix du malin aux doutes suscités par l'action d'exorciser. Le film aimerait tant devenir le nouveau The Conjuring - avec une fin ouverte sur plusieurs suites - qu'il en devient fâcheux.
En filigrane de cette présence dangereuse qui divise une famille déjà en deuil dans une abbaye évidemment hantée, le héros et son jeune acolyte (Daniel Zovatto, vu dans le solide Don't Breathe et le mémorable It Follows) sont mêlés à une autre quête qui prend des proportions plus historiques, politiques et religieuses. Un suspense de pacotille qui n'est pas sans rappeler celui de Da Vinci Code et qui tourne rapidement en rond.
À l'effigie du scénario de Michael Petroni (The Rite, Possession) et d'Evan Spiliotopoulos (Snake Eyes, The Unholy) qui a la main lourde avec les symboles et les dictons moralisateurs. Il faut avoir la foi, faire la paix avec son passé et se méfier de ce mal au plus profond de nous qui est prêt à surgir à chaque instant. Amen.
Tout cela ne serait pas si regrettable si l'ensemble faisait peur. Les moments effrayants manquent cruellement à l'appel, remplacés par des instants grotesques qui laissent complètement indifférents. L'introduction ne payait déjà pas de mine. Mais plus l'ensemble défile et plus son insignifiance saute aux yeux, jusqu'à une finale particulièrement ridicule et consternante.
Capable du meilleur (Overlord) comme du pire (Samaritan, Son of a Gon), Julius Avery signe une réalisation guère inspirée, pleine de sursauts gratuits et d'effets spéciaux douteux. Au moins, il sait comment créer de la tension aux endroits opportuns. Sauf qu'en optant pour un cinéaste australien, la production aurait dû jeter son dévolu sur Jennifer Kent qui, en l'espace de seulement deux longs métrages (les angoissants The Nightingale et The Babadook), est bien en selle pour marquer son art.
La distribution généralement à l'avenant est dominée par la présence de Russell Crowe. Cet imposant acteur qui n'a pas trouvé de rôle à sa mesure depuis trop longtemps s'investit sans compter. C'est à se demander ce qu'il avait à gagner dans toute cette galère qui est indigne de son talent. La psychologie de son personnage demeure peu approfondie et ce ne sont pas les quelques maladroites touches d'humour qui le rendront attachant.
Des séries B anonymes et sans âme comme The Pope's Exorcist, il en sort beaucoup trop chaque année. Ni sinistre ni divertissant, le résultat ennuie la plupart du temps, s'appliquant à reprendre un peu n'importe comment une formule usée jusqu'à la corde. Ce serait bien, un jour, de révolutionner le genre un tant soit peu.