Quel dommage! On avait entre les mains tous les éléments pour faire un film de superhéros différent et on en a fait une réplique de tous ces autres stéréotypes qui polluent nos écrans. Comme on utilise ici des supervilains, il aurait fallu prendre la recette de base et l'inverser pour que le jeu en vaille la chandelle, mais on a plutôt choisi d'affubler ces mêmes bons sentiments à des personnages qui devraient les exécrer.
Ces durs à cuire qui épargnent des vies et sauvent leurs « amis », leur « nouvelle famille », relève du cliché, une chose qu'on aurait souhaité qu'un film, présenté comme irrévérencieux et rebelle, évite à tout prix. Il modère aussi la violence et la vulgarité pour permettre à un plus large public de le visionner (lire : pour faire plus d'argent au box-office), mais perd une belle occasion de pousser les limites d'un concept déjà dépassé depuis belle lurette.
Il faut dire que les 40-50 premières minutes sont plutôt efficaces, prometteuses même, mais il semble avoir une scission irréparable lorsque les criminels quittent l'établissement carcéral et se retrouvent entre les mains du gouvernement. Dès lors, rien ne va plus et l'histoire part en vrille.
On nous avait vendu ce film avec le Joker en tête d'affiche. On avait hâte de découvrir cette personnification par Jared Leto qui s'annonçait audacieuse et subversive, mais le personnage n'apparaît qu'un grand total de 15 minutes à l'écran (et qu'est-ce que ce grondement d'animal sauvage qu'on lui a conféré et qui lui fait perdre toute sa crédibilité?). Une déception difficile à réprimer. Heureusement, sa copine, Harley Quinn, jouée par une habile Margot Robbie, nous fait ravaler momentanément notre dépit. Entre amoureuse dévouée et folle alliée, Quinn est à l'image de ce qu'aurait dû être ce film; sexy et névrosée. Deadshot (Will Smith), qui est, par la force des choses, le protagoniste principal de cette aventure, manque de vigueur pour assumer son rôle décemment. Ses tendances honnêtes et bienveillantes en font un personnage faible et prévisible.
Même les scènes de combat dans Suicide Squad manquent de muscles. Des ralentis et des effets spéciaux injustifiés, des coupes trop abruptes et un montage frénétique censuré viennent torpiller ce qui aurait pu sauver la production de ses débâcles scénaristiques. La trame sonore possède, pour sa part, ses forces et ses faiblesses. Du côté des forces, mentionnons « Without Me » de Eminem et « Bohemian Rhapsody » de Freddie Mercury qui viennent dynamiser les scènes dans lesquelles ces pièces significatives peuvent être entendues.
DC Comics manque définitivement de caractère par rapport à l'univers de Marvel, qui a développé son style ironique et protéiné au fil de ses productions maintes fois millionnaires. Suicide Squad n'est pas un échec aussi évident que Batman v Superman: Dawn of Justice l'a été plus tôt cette année, mais reste une amère déception face à ce qu'on nous avait promis. Rabattons-nous sur Deadpool pour cette dose d'insolence et de sarcasme qu'on espérait trouver chez les supervilains (qui ne sont pas très vilains tout compte fait) de DC.