Fallait-il seulement James Gunn pour redonner à Suicide Squad ses lettres de noblesse? À la sortie du visionnement de ce nouveau film sur les anti-héros de DC Comics, on pourrait croire que oui. Si le premier chapitre n'était pas le pire film de la franchise, nous sommes dans une tout autre ligue avec cette nouvelle proposition irrévérencieuse, sanglante, vulgaire et hilarante. Le réalisateur des Guardians of the Galaxy a réussi à insuffler à la production une insolence - qu'on retrouvait aussi dans Deadpool - qui colle parfaitement bien avec ses protagonistes rebelles.
Inutile d'avoir vu le premier opus ou bien Birds of Prey pour apprécier cette nouvelle aventure. Il n'y a que l'inimitable Harley Quinn qui reprend du service. Les autres sont tous de nouveaux enrôlés. Cette fois, l'escouade est menée par Robert Dubois, alias Bloodsport (Idris Elba). Il s'agit d'ailleurs d'un super-vilain approprié pour le rôle de leader puisqu'il est suffisamment aimable pour qu'on s'y attache et assez insubordonné et frondeur pour convaincre. Avec son bataillon, formé de Peacemaker, Colonel Rick Flag, King Shark, Ratcatcher 2 et Polka-Dot Man, il doit se rendre sur l'île de Corto Maltese et supprimer toutes traces du projet Starfish. Évidemment, des tonnes d'ennemis, aussi dangereux les uns que les autres, se retrouveront sur leur route. Ils devront s'entraider et se faire confiance afin d'accomplir adéquatement leur périlleuse mission.
La scène d'ouverture - violente, bourrée d'action, impudente et sans compromis - nous donne un bon avant-goût de ce qui nous attend pour la suite. Le film a un front de boeuf et on adore ça! James Gunn, qui agit aussi à titre de scénariste, a insufflé à son long métrage un humour noir et sadique, complètement déjanté, qui l'amène à se démarquer de toutes les autres adaptations de DC Comics jusqu'à présent. Gunn a réussi l'impensable : plaire autant aux geeks qu'aux profanes. Son style effronté est tellement convaincant qu'il séduira la grande majorité des cinéphiles. Avec un budget de 175 millions $, les effets spéciaux se devaient d'être irréprochables et, heureusement, ils le sont : tant au niveau des combats que des créatures en CGI.
D'ailleurs, le monstre que doivent affronter les membres de la Suicide Squad à la toute fin du film est probablement le plus ridicule que vous aurez vu depuis longtemps, mais c'est ce pour quoi il est aussi formidable. Cette étoile de mer géante qui détruit une ville entière à la manière de Godzilla contribue à cette délicieuse absurdité qui fait de The Suicide Squad, un incontournable. On doit dire aussi que James Gunn n'a pas négligé l'importance des détails (comme ces mentions écrites intradiégétiques amusantes). Même s'il règne un prodigieux chaos dans son film, tout semble avoir été réfléchi, étudié.
Du côté des performances d'acteurs, Margot Robbie brille de mille feux dans un rôle qu'elle connaît maintenant par coeur et Daniela Melchior, avec son personnage de dompteuse de rats, apporte une douceur bienvenue à ce groupe de malotrus. Bien qu'il ne dise que quelques mots, Sylvester Stallone affuble à son King Shark (un Groot version vilain) une étonnante humanité et le lutteur John Cena nous fait éclater de rire à plusieurs reprises sous les traits du barbare Peacemaker.
The Suicide Squad se hisse au sommet des meilleures entreprises de DC Comics au cinéma jusqu'à maintenant. Peut-être que sa force de frappe aurait été d'autant plus grande avec 15 minutes en moins, mais on ne saurait pas dire où il aurait fallu couper.