Harrison Ford est dans sa phase canine. Après avoir doublé un chien pour The Secret Life of Pets 2, il en côtoie un presque au quotidien dans The Call of the Wild.
Le film s'avère une nouvelle adaptation du classique littéraire de 1903 de Jack London, qui a déjà vu les stars Clark Gable, Charlton Heston et Rutger Hauer (le méchant de Blade Runner) se prêter au jeu. C'est la ruée vers l'or, l'odyssée au sein de paysages majestueux où la nature a souvent le dernier mot. Un récit de survie qui met à profit l'exquise photographie de Janusz Kaminski, qui travaille avec Steven Spielberg depuis Schindler's List et qui sait peut-être mieux que quiconque filmer et utiliser le blanc - ici de la neige - à l'écran.
Il ne peut toutefois rien devant un choix de production qui sauve ou, dans ce cas-ci, condamne le long métrage. Contrairement aux précédentes transpositions cinématographiques, le chien n'est pas incarné à l'écran par un véritable chien : il est recréé par des effets spéciaux. Cela donne une forme qui ressemble à un animal, qui demeure très mignon dans son genre, mais qui ne possède ni l'âme ni l'esprit de son sujet. Est-ce que le meilleur ami de l'homme se comporterait comme lui? Bien sûr que non. Un peu plus et on s'attend à ce qu'il chante. Un grave problème lorsque le spectateur est supposé développer des émotions et des sentiments à son égard, alors qu'il ne voit que du CGI, à la fois réaliste dans ses traits, mais approximatifs dans sa personnalité. Même Harrison Ford, habitué à jouer avec des créatures imaginaires comme Chewbacca (où il y a une véritable personne sous le costume), semble perdu, préférant se cacher sous sa barbe en abusant de la voix hors champ.
Cette technologie omniprésente explique sans doute la présence du réalisateur Chris Sanders, le spécialiste du dessin animé où l'amitié est à l'honneur (The Croods, le premier How to Train Your Dragon, Lilo & Stich). S'il s'agit de son premier film « réel », l'animation s'accapare souvent la part du lion. Cela ne l'empêche pas de faire des choses intéressantes avec la caméra, d'offrir l'amalgame souhaité entre péripéties trépidantes et moments plus contemplatifs.
On ne peut en dire autant du scénario de Michael Green (la récente et décevante relecture de Murder on the Orient Express), qui abuse des situations éprouvées et des personnages stéréotypés. Le héros canin baigne dans un anthropomorphisme qui finit par aller à l'encontre de la vision de London. Il ne redevient pas tant une bête sauvage dans son état naturel qu'il « évolue » en étant plus humain que les êtres humains qui l'entourent.
Ce discours sert à aseptiser la noirceur et le réalisme de l'oeuvre originale afin de les destiner à un public enfantin. Sauf qu'après les très imparfaits mais nettement plus rigolos Dolittle et Sonic the Hedgehog, voudront-ils repartir au sein d'une aventure moins relevée? Surtout que la semaine de relâche qui leur est destinée verra la sortie de nombreuses créations de tout acabit, que ce soit Fahim, Donne-moi des ailes, Ma folle semaine avec Tess et l'excellentes animation La fameuse invasion des ours en Sicile.